L’HEURE DE LA RÉVOLTE
La mort de George Floyd, étouffé par un policier de Minneapolis, a relancé le combat contre les violences et discriminations policières en France. Des manifestations, des révélations médiatiques et des appels, comme celui du comédien Omar Sy dans nos colonnes, dénoncent les ravages du racisme dans la police. Quelle est l’ampleur du fléau? Et comment le combattre?
L a révolte ne connaît pas de frontière. Depuis le 25 mai, les images insoutenables de la mort de George Floyd, asphyxié sous le genou d’un policier de Minneapolis, ont provoqué un traumatisme planétaire. Ce sévice mortel de 8 minutes 46 secondes a fait rejaillir les grandes protestations contre les discriminations et violences policières dont sont victimes depuis trop longtemps les Noirs et les minorités. Aux Etats-Unis, bien sûr (voir p. 32). Mais aussi dans la plupart des grandes démocraties, qui ont une fâcheuse tendance à refouler une question qui fâche.
En France, le meurtre de Minneapolis a réveillé un fantôme, celui d’Adama Traoré, jeune homme de 24 ans, mort à la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), le 19 juillet 2016. « Un accident dû à une cardiopathie », selon les expertises judiciaires. « Une asphyxie après un plaquage ventral », selon le comité La Vérité pour Adama qui défend inlassablement la cause du jeune disparu (voir p. 31). George Floyd et Adama Traoré, même combat ? C’est l’intime conviction de sa soeur Assa, devenue icône de la lutte contre « l’impunité policière ». Le 2 juin, grâce à l’onde de choc venue d’Amérique, cette nouvelle Antigone a réussi le tour de force de rassembler 20 000 manifestants devant le tribunal de Paris, malgré l’interdiction de cette manifestation et l’état d’urgence sanitaire.
Les insanités racistes repérées par le site d’information StreetPress sur des groupes Facebook fréquentés par des milliers de policiers ont fini de semer le trouble. Le gouvernement a été contraint de réagir. Pris sous le tir croisé d’une gauche « anti-flic » et d’une droite sécuritaire, il a répliqué par une rafale d’annonces : abandon de la clé d’étranglement lors des interpellations, port