PAR GREGORY LA CAVA
Comédie américaine, avec Katharine Hepburn, Ginger Rogers, Adolphe Menjou (1937, 1h32). Disponible en VOD et SVOD sur LaCinetek.
Gregory La Cava était alcoolique et poussait ses acteurs à improviser. Ce qui, à l’écran, produisait des miracles dans un genre, la comédie, qui appelle pourtant précision et clarté de l’esprit. « Pension d’artistes », sommet d’une filmographie à laquelle celles de ses contemporains célèbres, Capra et Lubitsch, font de l’ombre, ne cherche pas le rire à tout prix et tend même vers le drame le temps d’une scène inoubliable. C’est un film où il fait bon vivre et qui rend meilleur. Dans un internat d’aspirantes actrices, le réalisateur de « Mon homme Godfrey » s’adonne à son sport favori : confronter les classes sociales pour mieux les réunir. Derrière le concours de vannes, toutes justes et crédibles, entre pensionnaires, chacune se bat pour se faire une place. Au-delà de la rivalité entre la popu Ginger Rogers et l’aristo Katharine Hepburn (photo), une entente souterraine naît; s’organise entre ces femmes un vivre-ensemble contraire aux us machistes du métier, que personnifie Adolphe Menjou, en imprésario à la Harvey Weinstein. « Doisje jouer sans broncher ou utiliser mes neurones? » lui lance Hepburn avant de l’éconduire magistralement. La fluidité du cadre et le peps de la mise en scène font le reste, scellant la modernité de cette perle oubliée de la comédie américaine.