HOMELAND SAISON 8
SÉRIE AMÉRICAINE DE HOWARD GORDON ET ALEX GANSA (2020)
Avec Claire Danes, Mandy Patinkin, Costa Ronin. Douze épisodes de 52 minutes. DISPONIBLE SUR CANAL+
Plébiscitée par Barack Obama, modèle avoué d’Eric Rochant pour son « Bureau des légendes », « Homeland » est supposée, avec cette huitième saison, conclure une épopée d’espionnage qui fit son miel des grands enjeux géopolitiques des années 2010. Agent de la CIA cabossée par une myriade de missions traumatisantes (et rarement payantes), Carrie Mathison (excellente Claire Danes) reprend du service en Afghanistan pour y sceller un accord de paix avec un ancien adversaire taliban croisé quatre saisons plus tôt. Mais ces retrouvailles n’ont rien de mélancolique ni de crépusculaire. En bon programme balzacien, « Homeland » s’est toujours évertuée à convoquer les mêmes personnages, ceux-ci formant les contours d’une grande famille composite où les alliances et les différends se reconfigurent au gré des fluctuations des rapports de force. Il y a tout de même un nouveau venu ici, un président américain superficiel et versatile, mélange plutôt convaincant de Donald Trump et de George W. Bush, histoire de coller à l’une des grandes intentions de la série : filmer le présent en marche (et non la réalité historique, malmenée parfois grossièrement), ce bonneteau d’incertitudes, d’instincts et de filouteries où les acteurs eux-mêmes peinent à départager un geste crucial d’une décision dérisoire. D’où ce rythme plus trépidant qu’à l’accoutumée, alimenté par l’action guerrière, les dilemmes moraux et l’esbroufe flamboyante des espions, petite musique bien connue exécutée avec un réconfortant savoir-faire. Réconfortant, c’est le mot : même le personnage si torturé de Carrie Mathison tend cette fois à se rationaliser. Une saison opérationnelle, est-ce suffisant pour refermer le monument « Homeland » ? La question, à l’image du final, reste ouverte…