“TU SERAS RÉFORMÉ MON FILS”
“Souvenirs du régiment P4”, de Benoît Bories et Charlotte Rouault (11,56 min) Arteradio.com
« Hors de question », « un cauchemar » : lorsqu’ils se remémorent ce moment où, à 20 ans, ils étaient appelés sous les drapeaux, les mots ressortent. Intacts. Seul moyen de sortir de ce mauvais pas ? Le coup de tampon qui vous réformait, vous classait P4 ou mieux encore P5, autrement dit inapte mentalement. Dans les années 1970, « c’était un acte antimilitariste fort », se souvient l’un d’eux. Une ligne pas si facile à tenir pour des garçons dont les pères avaient fait la guerre d’Algérie. Tout se jouait lors des « trois jours » : après les discours des gradés, les batteries de tests, arrivait la visite chez le psychiatre. On se refilait le vade mecum : « Avoir le regard méchant quand on t’adresse la parole » ; « Arriver sans avoir dormi, si possible complètement défoncé et, là, tu n’obéis pas et, surtout, à midi, tu ne vas pas manger avec les autres, tu restes dans la cour. » Combien ont réussi ? Le podcast ne donne pas de chiffres mais apporte le contrechamp, celui du psychiatre, très distancié face à ces jeunes gens dans « la reconduction caricaturale de ce qu’ils imaginaient être tel type de folie. Ils allaient dans les dictionnaires médicaux… Il y avait une espèce de jeu entre quelqu’un qui imagine qu’il faut en rajouter pour pouvoir être entendu et le psychiatre qui serait là pour détecter le simulateur. Très franchement, on n’a jamais mis en oeuvre tout un ensemble de stratagèmes pour débusquer la simulation ». Si les intéressés avaient su !