Franck Annese

Avec l’enquête monumentale sur Xavier Dupont de Ligonnès parue dans “Society”, le jeune patron de presse vient de signer le carton de l’été

1 PRÉCOCE En 1999, Franck Annese est encore à l’Essec quand il fonde « Sofa », un magazine culturel, avec deux copains de promo. Fan de ballon rond, fervent supporter du FC Nantes, il décide quatre ans plus tard de lancer « So Foot ». Avec pour capital de départ… 450 euros.

2 COUP Il s’attendait à vendre 35000 exemplaires de l’enquête en deux volets sur Xavier Dupont de Ligonnès publiée dans « Society » cet été. Face au succès phénoménal – rupture de stock partout en France –, il a dû réimprimer plusieurs fois le magazine. Au total, plus de 450000 numéros ont été mis en vente. Résultat? Il a passé une bonne partie de ses vacances à rapatrier du papier pour l’imprimerie!

3 PRINT ADDICT Depuis la création de So Press en 2003, ce fervent défenseur de la presse papier a lancé, avec Stéphane Régy, qu’il présente comme la « deuxième partie de [s]on cerveau », les magazines « So Foot », « Doolittle » (pour les parents), « Pédale! » (sur le cyclisme) « So Film » (le cinéma), « Society », « Running Heroes » (pour les runners), feu « Dada » (hippisme), « Tampon! » (rugby) et « l’Etiquette » (la mode masculine). Il a même caressé le projet d’une sorte de « Gault & Millau » des McDo d’Ile-de-France! La société d’édition compte aujourd’hui une cinquantaine de journalistes permanents et une trentaine de pigistes réguliers qui écrivent indifféremment pour tous les titres du groupe.

4 INIMITIÉ Le premier numéro de « So Foot », qui épingle les commentateurs sportifs, paraît avec un portrait de Thierry Roland en couverture. Elle lui vaut un coup de fil de l’ex-présentateur de TF1. Furibard, ce dernier lui jure de le griller dans le milieu.

5 “SOCIETY” En 2015, alors que plus personne ne croit à la presse écrite, Franck Annese lance « Society », un bimensuel. Et demande à ses connaissances si elles n’ont pas « 100000 euros à perdre ». Les ex-footballeurs Vikash Dhorasoo et Edouard Cissé, l’ex-président du PSG Robin Leproux, le producteur Renaud Le Van Kim ou Serge Papin, l’ex-PDG de Système U, mettent la main à la poche. Certains lecteurs auraient souscrit un abonnement à vie pour 1000 euros. La diffusion du magazine est aujourd’hui de 47000 exemplaires : un tiers en kiosques, un tiers par abonnements, un tiers en numérique.

6 LES 3 H Franck Annese, 43 ans, revendique « la règle des 3 H » : histoire, humour, humain. Et n’hésite pas à donner la priorité aux récits au long cours. Avec ses deux numéros spéciaux de l’été, il aura dédié 250000 signes – soit 77 pages – à l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès. Jamais en reste d’un trait d’esprit, il a été auteur pour « le Grand Journal » (Canal+), pour Antoine de Caunes aux César ou pour l’humoriste Thomas Ngijol.

7 SUCCESS STORY En pleine crise de la presse, son groupe affiche une insolente réussite. So Press pèse 18 millions d’euros de chiffre d’affaires et affiche un bénéfice de près de 600000 euros. « Si je pensais que le print était mort, je ne lancerais pas un magazine tous les ans. Je ne le fais pas uniquement par plaisir mais aussi parce qu’ils permettent à des journalistes de travailler », affirme-t-il, un rien bravache.

8 FILS DE PUB Cet ancien de « Culture Pub » (M6) est, depuis 2016, à la tête de Sovage, une société de production qui réalise des spots pour Nike, BNP, Adidas, Microsoft, etc. Sujet « touchy », il assume aussi de réaliser du brand content, soit de la création de contenu pour des entreprises comme Heineken ou Canal+. Avec Allso, son autre boîte de prod (qui produit actuellement « Méduse », son premier long-métrage, réalisé par son épouse, Sophie Lévy), ces activités génèrent la moitié du chiffre d’affaires du groupe.

9 PREMIÈRE FOIS Il a 20 ans quand il foule le sol de la capitale pour la première fois. Son père le dépose porte d’Orléans. Il déambule rue d’Alésia, pensant se trouver au coeur de la ville. De retour chez lui, il confiera à ses potes : « A Paris, franchement, les magasins sont tous pourris! »

10 SO COOL Seul patron de presse à arborer barbe, casquette et baskets, Franck Annese peut bosser jusqu’à vingt heures par jour. Dans les locaux, entre les canapés et le Fingabol, un jeu d’adresse mi-baby-foot, mi-billard, « Franckie », qui se revendique volontiers « chef de meute », joue parfois de la guitare les soirs de bouclage.