Faites l’amour, pas la guerre
LYSISTRATA, PAR ARISTOPHANE, TRADUIT DU GREC ANCIEN PAR ANDRÉ-CHARLES BROTIER, CLASSIQUES POCKET, 96 P., 5 EUROS.
Voici la meilleure réponse à « l’Art de la guerre » de Sun Tzu. Avec la comédie « Lysistrata », écrite vraisemblablement aux alentours de 412 avant notre ère, le poète grec Aristophane, fils de Philippos le Comique, a conçu un subtil et redoutable « art de la paix ». Alors que la guerre du Péloponnèse désole la Grèce, Lysistrata, épouse d’un important citoyen athénien, a une idée pour mettre fin aux combats fratricides : convaincre les femmes de ne plus « célébrer les mystères de Vénus » et de « renoncer au culte du phallus » tant que la paix n’aura pas été conclue. En termes moins olympiens : faire la grève du sexe. Une stratégie reprise par les Nigérianes en 2003 ou les Belges en 2011. Comme l’autre nerf de la guerre, c’est l’argent, les Grecques s’enferment dans la citadelle qui abrite le trésor public. Certaines, se languissant de leurs hommes tentent de s’enfuir, d’autres résistent aux insultes des vieillards. Mais Lysistrata tient bon et obtient gain de cause. Et avec Aristophane, la diplomatie de boudoir se trouve élevée au rang des beaux-arts.