WORLD’S MOST WANTED
SÉRIE DOCUMENTAIRE FRANÇAISE DE JÉRÔME FRITEL ET THOMAS ZRIBI (2020)
Cinq épisodes de 52 minutes. DISPONIBLE SUR NETFLIX
Outre leur sinistre CV, que partagent la djihadiste Samantha Lewthwaite, le narco Ismael Zambada García, le mafioso Matteo Messina Denaro, l’instigateur du génocide rwandais Félicien Kabuga ou le parrain russe Semion Mogilevich ? Ils ont échappé, des décennies durant, aux polices du monde entier, via une kyrielle d’astuces géniales et de protections occultes, mises en lumière dans cette série de portraits brossés par une escouade de journalistes français de renom (Paul Moreira, Caroline du Saint, Hugo Van Offel…). Leur savoirfaire irrigue chaque détail de l’ensemble qui se dévore comme une aventure de Jason Bourne ou un roman de John le Carré. Qu’il s’agisse d’une rencontre avec un groupe de tueurs mexicains, kalach au poing et passe-montagne ajusté, ou d’une arrestation surprise d’un génocidaire rwandais, cueilli par la police dans un cimetière de la banlieue parisienne, les coups journalistiques se succèdent, montés comme des morceaux de bravoure hollywoodiens. C’est sans doute sur ce choix de forme, ouvertement frimeur, que le bât blesse. Au lieu de sublimer la qualité de l’information, le recours à cette grammaire pleine de ralentis, d’images ripolinées et de roulements de tambour a tendance à l’affadir. Autre frustration, sa durée étrange (52 minutes par malfaiteur), héritée des formats téléjournalistiques de ces vingt dernières années, est un peu courte pour restituer la complexité de pareilles cavales. A l’aune du succès en kiosque de l’enquête au long cours du magazine « Society » dédiée à Xavier Dupont de Ligonnès et des grands feuilletons judiciaires vus sur Netflix (« Tiger King », « Making a Murderer »), on se dit que chacun des malfaiteurs de « World’s Most Wanted » mériterait sa propre série.