“Il vaut mieux inciter d’abord le secteur à évoluer par une saine pression”
Vous vous êtes positionnée contre l’interdiction de publicités pour certains produits jugés trop émetteurs de gaz à effet de serre. Pour vous, elles ne posent aucun problème dans un contexte d’urgence climatique ?
Bien sûr que je crois nécessaire de faire évoluer le secteur de la publicité, qui doit passer à l’heure de la transition écologique. Lui est sans doute persuadé d’avoir déjà beaucoup bougé, mais, clairement, les gens ne sont pas dupes: ils repèrent le greenwashing [allégations environnementales mensongères, NDLR]. Mais, quand on parle d’interdire certains produits, cela ne prend pas en compte la complexité du problème.
Que faudrait-il faire ?
Vous savez, mon métier, c’est coach en management des ressources humaines. Dans mon activité, on sait qu’il est contre-productif d’imposer des vues car cela entraîne des résistances plus que de la motivation. Il faut plutôt entraîner les gens dans les changements que vous souhaitez voir mis en oeuvre. Donc je ne dis pas non définitivement à une interdiction à terme de certains produits, mais il me semble préférable d’inciter d’abord le secteur à évoluer par une saine pression, plutôt que de lui tordre le bras.
Concrètement, à quoi ressemblerait une « saine pression » ?
Il faut que la publicité contribue à faire changer les comportements des citoyens. Par exemple, les publicités pour les automobiles devraient les inciter à renoncer à l’« autosolisme » [le fait de prendre sa voiture seul] et les encourager à l’autopartage. Cela me paraît plus intelligent et constructif que l’interdiction pure et simple. De même, il me semble nécessaire que les étudiants, dans les écoles de communication, soient sensibilisés aux enjeux du développement durable. C’est comme ça que nous ferons évoluer les comportements.
Mais que proposez-vous, par exemple, pour les publicités du secteur aérien ? On ne peut pas faire la promotion de l’« aéropartage »…
Je ne suis pas publicitaire: c’est aux acteurs de la communication d’imaginer des campagnes permettant aux comportements citoyens d’évoluer.
Diriez-vous que la publicité relève du droit d’expression ?
Pas d’un point de vue juridique, mais d’un point de vue politique, oui, il me semble que la publicité relève à la fois du droit d’expression et du devoir de responsabilité. Mais, de toute façon, les publicitaires suivent les comportements de consommation des Français, donc c’est leur intérêt à terme de comprendre que le rapport à l’égard de certains produits a changé.
Les publicitaires suivent les comportements des Français ou les créent-ils ?
C’est vraiment la question de la poule et de l’oeuf.