L'Obs

“JE SENS MONTER LE VENT DE LA RÉVOLTE.”

PATRICK RIZZO, PATRON DE SALLES DE SPORT

- CLAUDE SOULA

« En mars, je n’avais rien critiqué car les mesures étaient strictes pour tout le monde. Aujourd’hui, je sens monter le vent de la révolte. » Patrick Rizzo, le cofondateu­r des clubs de gym L’Usine, a des centres à Paris, Bruxelles et Genève. Il voit ainsi les di érences : « En Suisse, les clubs qui respectent des règles strictes, comme le mien, fonctionne­nt encore. A Bruxelles, tout est fermé, comme en France, mais la loi a suspendu les versements de loyers, ce qui change tout pour les commerçant­s. » Un point positif ? Son club principal, près de l’Opéra, a réussi à rester à demi-ouvert : « Grâce aux diplômes de nos moniteurs, nous pouvons accueillir les personnes qui ont une dispense médicale, car elles doivent impérative­ment faire de l’exercice sportif. » Alors que tous les autres clubs ont été fermés dès le 26 septembre, il a ainsi pu recruter une quarantain­e d’adhérents avec des besoins spécifique­s, comme les malades cardiaques. Mais ce mince bonus ne pourra pas compenser les pertes de 2020 : « Ces nouvelles adhésions paient l’électricit­é et le personnel encore présent, mais pas les loyers ni les charges. Nous tournons à perte. Nous aurons perdu cette année plus de la moitié de nos 8 millions de chi re d’a aires. » A l’échelle de sa profession, les dégâts sont majeurs : sur les 4 500 clubs de sport français, employant 45 000 salariés, « un tiers fera faillite », pronostiqu­e le patron, très remonté contre les mesures gouverneme­ntales. « On a bien reçu des aides immédiates, on a eu le chômage partiel, mais il faudra rembourser ces emprunts et rien n’est prévu sur ce sujet, alors que la Belgique et la Suisse ont déjà annoncé des aides en fonds propres. Notre gouverneme­nt est incapable d’anticiper ce qui se passera en 2021. » Il passe aujourd’hui des journées entières avec ses comptables et ses banques pour préparer l’avenir et ne voit qu’un petit avantage à la situation : invité dans de nombreuses émissions de télé, il a fait connaître ses clubs. Avec l’espoir, peut-être, de redémarrer plus facilement l’année prochaine, mais pas d’e acer l’angoisse du péril financier.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France