UNE PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE
Printemps 2017. Premières rafles de personnes « non fiables » enfermées dans les « camps de rééducation ». De très nombreux intellectuels, artistes, enseignants sont arrêtés, ainsi que des chefs d’entreprise, des professionnels et de simples pères de famille.
Avril 2018. Un rapport du chercheur allemand Adrian Zenz décrit, à travers l’étude de budgets locaux, les investissements colossaux consentis par le Xinjiang pour renforcer son appareil répressif (personnels et matériels).
Mai 2018. Des centaines de « centres de rééducation » continuent de sortir de terre partout au Xinjiang.
Un phénomène prouvé en croisant des photos satellitaires et des documents publics, comme les appels de marchés publics passés par les collectivités locales (analysés par Zenz dans un rapport), révélant l’échelle colossale des constructions.
Septembre 2018. Des témoignages parus dans la presse, appuyés par des documents publics chinois (étudiés par Zenz), décrivent les méthodes de lavage de cerveau utilisées dans les camps pour « remodeler la pensée » des Ouïgours. Ils s’inspirent des méthodes pratiquées sous Mao.
Juillet 2019. On apprend que les autorités séparent les petits Ouïgours de leur famille, pour « prendre soin d’eux ». En fait, ils sont élevés comme de parfaits petits Chinois han, dans des « jardins d’enfants » entourés de hauts murs hérissés de barbelés. Parallèlement l’enseignement de la langue ouïgoure se réduit comme peau de chagrin à tous les niveaux du système éducatif.
Février 2020. Des documents fuités
(la « liste Karakax ») dévoilent le système de fichage tatillon qui recense et profile tous les Ouïgours. Ces données sont ensuite traitées par l’intelligence artificielle. C’est un algorithme qui publie chaque semaine la liste des personnes qui doivent être internées…
Juin 2020. Une campagne massive de stérilisations et d’avortements forcés est menée dans les centres de détention comme à l’extérieur, visant à limiter drastiquement les naissances. Les chiffres officiels publiés depuis confirment une chute importante des naissances depuis 2017, plusieurs fois supérieure au taux observé dans la population han.
Décembre 2020. Un autre rapport d’Adrian Zenz analyse le système de travail forcé mis en place au Xinjiang. Un demi-million de Ouïgours sont « mobilisés » pour cueillir le coton – le Xinjiang fournit un cinquième de la production mondiale. En réalité, c’est une main-d’oeuvre contrainte et très mal payée. Un rapport du think tank australien Aspi (mars 2020) analyse également les schémas de « vente » de main-d’oeuvre forcée ouïgoure qui entachent la production de nombreuses grandes marques.
Février 2021. La BBC et la Voix de l’Amérique publient des témoignages mettant en lumière les viols systémiques infligés aux détenues dans les camps par des « clients » que les gardiens laissent entrer contre paiement. Ce sont souvent des psychopathes qui infligent à leurs victimes des agressions sexuelles accompagnées d’actes de barbarie.