L'Obs

Le conciliate­ur de Bercy patine…

- Sophie Fay

Depuis l’annonce, fin août, de la volonté de Veolia de racheter la participat­ion d’Engie dans Suez, une guerre historique s’est enclenchée entre les deux ennemis de la gestion de l’eau. Très inquiets de la tournure prise par cet affronteme­nt, quatre députés – Valérie Rabault (PS), Bruno Bonnell (LREM), Gilles Carrez (LR) et Jean-Paul Mattei (MoDem) – avaient suggéré à Bruno Le Maire, le 9 février, de nommer un médiateur afin de rechercher une sortie apaisée. Le ministre a approuvé l’idée, mais n’a finalement pas opté pour un profil d’industriel neutre comme le préconisai­ent les élus. Il a mandaté de manière informelle son ex-directeur de cabinet, l’actuel directeur du Trésor Emmanuel Moulin (photo), pour effectuer une mission de bons offices entre les deux groupes. Cette tentative de conciliati­on ne se passe pas vraiment bien. « Il essaie, mais il n’est pas très habile », critique-t-on du côté de Veolia. Tout à son projet de conquête, son PDG Antoine Frérot préfère discuter directemen­t avec le conseil d’administra­tion de Suez, sans intermédia­ire. Et promet de soumettre cette semaine une ultime offre de reprise à prendre ou à laisser. Côté Suez, on utilise Emmanuel Moulin pour faire passer des messages à Bercy. Cette communicat­ion a pour effet de braquer Veolia qui suspecte l’émissaire Moulin de partialité. Au Palais-Bourbon, tout cet embrouilla­mini agace Valérie Rabault. « Il aurait fallu faire une cartograph­ie posée des sujets à examiner. » L’Etat, en outre, est selon elle le plus mal placé pour apaiser un conflit qu’il a suscité : « Le péché originel dans cette affaire a été commis par l’Etat lorsqu’il a accepté qu’Engie vende sa participat­ion dans Suez sans cahier des charges. » La députée du Tarn-et-Garonne, qui a demandé à avoir accès à toutes les informatio­ns, rendra en avril son rapport de contrôle budgétaire sur l’Agence des Participat­ions de l’Etat. Il s’annonce sévère.

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