Que va devenir notre épargne ?
Selon la Banque de France, les Français auront épargné près de 200 milliards d’euros en 2020. C’est l’équivalent de 10 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. L’explication de cette exceptionnelle thésaurisation est évidente : sous l’état d’urgence sanitaire, les travailleurs salariés ont conservé une part plus importante de leur revenu faute de pouvoir consommer. En outre, l’anticipation des dépenses de santé pour les plus âgés, de l’a aiblissement du système de retraite pour les actifs et de la fragilisation du marché du travail pour les plus jeunes a encouragé l’épargne.
Dans l’hypothèse, souhaitable, que la conjonction du printemps et des vaccins nous ouvre les portes d’un retour à la normale, quels seront les impacts de la libération de cette masse d’argent ?
– Sur le marché de l’immobilier, beaucoup de ménages auront fait le constat que leur résidence principale ne répond plus à leurs besoins. Nouvel arbitrage entre Paris et la province, recherche d’espace et de prix abordables, télétravail... Nombre de Français voudront réorienter leur bien d’usage. Attendons-nous à une hausse significative des transactions et donc des prix de l’immobilier résidentiel, notamment dans les zones attractives.
– Dans le domaine de la consommation, les Français voudront se faire à nouveau plaisir. Même si les modes de consommation ont évolué, notamment dans le rapport à l’environnement, nul doute que certains secteurs seront sous tension. Cette inflation conjoncturelle pourrait induire une remontée des taux d’intérêt. Les marchés boursiers, habitués au dopage par le déversement de liquidités, risquent d’en sou rir. – L’épargne, qui pour la plus large part est restée investie sur des supports de court terme, se tournera progressivement vers des placements de plus long terme comme l’assurance-vie et l’immobilier locatif. A moins que le gouvernement ne souhaite orienter le flux vers de grands projets d’intérêt public...
Il ne s’agit ici que de prospective. Notre hypothèse est peut-être optimiste, puisqu’on évoque un retour à la normale. Mais tenter dès à présent de se projeter au-delà du couvre-feu peut nous permettre de mieux agir, le moment venu.