L'Obs

FRANÇOIS RUFFIN “On a besoin de limites”

Le député de La France insoumise ne croit pas aux petits gestes écolos. Il plaide pour l’instaurati­on de quotas carbone individuel­s

- S. B.

L’écologie, François Ru n dit s’y être intéressé en s’engageant, adolescent, pour la cause animale, révolté par l'élevage de poules en cage. C’était quelques années avant de se plonger dans un autre combat, contre la publicité, qu’il considère comme une bataille écologique clé : « Il faut proposer un autre chemin que le bonheur par l’hyperconso­mmation », défend le député de La France insoumise. Pas convaincu du tout par la promesse d’une « croissance verte », lui se définit comme « accroissan­t » – « J’ai fait sortir la croissance du PIB de mon champ mental ».

François Ru n se dit mal à l’aise avec les discours écolos mettant l’accent sur la responsabi­lité individuel­le: « Je ne crois pas à la théorie du colibri. On est tous plongés dans une vie faite de supermarch­és, de numérique, avec des tonnes de publicités qui vantent le tout nouveau modèle de voiture, les vacances en avion… On ne peut pas demander aux gens de s’en extraire facilement. » Pour lui, « on a besoin de limites », fixées collective­ment. Il a ainsi proposé en juin dernier la mise en place d’un système de quotas carbone individuel­s pour le transport aérien, afin de limiter le nombre de voyages par personne.

SON EMPREINTE CARBONE : 6,3 TONNES D’ÉQUIVALENT CO2 PAR AN*

L’empreinte carbone de François Ru n est faible en comparaiso­n de la moyenne française : « Depuis que je suis député, ma vie personnell­e s’est réduite, il est donc logique que mon empreinte soit assez faible. » Mais, entre son journal, « Fakir », et sa fonction d’élu, il fait travailler six ou sept personnes, imprime beaucoup de papier, publie de nombreuses vidéos sur internet et compte aussi une permanence parlementa­ire… « Mon mode de vie personnel est plutôt sobre, mais ma vie profession­nelle sans doute beaucoup moins. »

ALIMENTATI­ON 850 kg d’éq. CO2 par an (1,8 tonne pour le Français moyen)

Adolescent, François Ru n a longtemps été végétarien. Aujourd’hui, il ne mange plus de viande que trois ou quatre fois par semaine. « On doit en manger moins, mais surtout de meilleure qualité. » Atta-ché au local, il confesse être pris par le temps pour ses achats alimentair­es. « J’ai une vie de gars pressé de remplir le frigo quand il rentre le vendredi, pour que les gamins aient à bou er. »

LOGEMENT 2 tonnes d’éq. CO2 par an (2 tonnes pour le Français moyen)

Ce député de la Somme vit entre sa maison, à Amiens, et son bureau de l’Assemblée où il dort quand il est à Paris. Sa maison, refaite il y a trois ans, est chauffée au gaz, réglé sur 19 °C, « 20 °C quand les enfants se plaignent ».

TRANSPORTS 1,35 tonne d’éq. CO2 par an (3,2 tonnes pour le Français moyen)

A Amiens, la plupart de ses déplacemen­ts se font à pied ou à vélo. Pour le reste, il ne prend pas l’avion mais il est un usager régulier du train. La voiture, il l’utilise pour son travail en circonscri­ption et ses vacances. Il parcourt environ 5 000 kilomètres par an avec sa Citroën Berlingo essence, achetée d’occasion il y a quinze ans. Au total, il émet donc 350 kg d’éq. CO2 pour ses déplacemen­ts personnels, et 1 tonne d’éq. CO2 pour ses déplacemen­ts profession­nels.

BIENS DE CONSOMMATI­ON 750 kg d’éq. CO2 par an (1,7 tonne pour le Français moyen)

François Ru n assure avoir une garderobe assez limitée : il ne possède pas plus de cinq tenues, dont « deux pulls qui font sérieux pour aller à l’Assemblée ». Un lave-vaisselle, un lave-linge, un smartphone et un vieil ordinateur acheté d’occasion, voilà à quoi se résume son équipement. Mais le député publie beaucoup de vidéos en ligne. « Je suis un faible consommate­ur mais un gros émetteur de numérique. »

(*) Dont 1,4 tonne d’équivalent CO2 par an, correspond­ant pour chaque Français aux émissions des services publics collectifs (police, justice, école, etc.).

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