L'Obs

Le Covid ravive la guerre des lycées

- GURVAN LE GUELLEC

Si l’on en croit le Snes, syndicat majoritair­e chez les enseignant­s du public, les directeurs des lycées privés, en cette période compliquée, seraient prêts à tout pour pousser leurs élèves de terminale. Certains iraient même jusqu’à mentionner dans leur dossier scolaire qu’ils ont suivi une « scolarité 100 % présentiel » et donc qu’ils ont été évalués « avec la plus grande rigueur ». Comprendre : ça n’est pas le cas ailleurs, notamment dans le public, où davantage d’établissem­ents ont fait le choix de passer aux cours semi-distanciel­s à l’arrivée de l’hiver. Ces commentair­es récurrents ont d’autant plus énervé le Snes que le privé s’était déjà fait épingler pour des pratiques douteuses : système de doubles bulletins – l’un, sévère, pour la famille, l’autre, plus indulgent, pour les formations du supérieur – ou redresseme­nt massif des notes après l’annonce, fin janvier, de la neutralisa­tion des épreuves de spécialité au profit du contrôle continu. Ainsi de ce lycée coté du Val-de-Marne où le premier semestre a été allongé pour rajouter des devoirs, mettre des « 17 de participat­ion » et remonter des moyennes jugées trop basses… Cette surenchère peut paraître irrationne­lle. Les formations sélectives – prépas, BTS, IUT – savent parfaiteme­nt qu’un 12 dans un lycée vaut parfois mieux qu’un 16 dans un autre. Il faut croire toutefois que le Covid a fait bouger les lignes. « En l’absence d’examen anonymisé, le classement de mon lycée au bac a plongé l’année dernière », témoigne le directeur d’un lycée catholique du nord de la France. Et pour cause : « Le ratio de bacheliers avec mention a explosé dans le public, alors que chez moi il est resté stable. »

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