Voir les mollahs tomber

ET CES ÊTRES SANS PÉNIS ! PAR CHAHDORTT DJAVANN, GRASSET, 234 P., 19,50 EUROS.

depuis « Bas les voiles ! », en 2002, où elle dénonçait déjà avec virulence le sort que la « république islamique » (bel oxymore!) réserve aux femmes, Chahdortt djavann (photo), après trente ans d’exil, ne désarme pas. Comment le pourrait-elle, d’ailleurs, puisque son « coeur reste empli de [son] pays natal, du pays de [ses] souffrances ». aussi s’invite-t-elle naturellement comme personnage à part entière parmi les « êtres sans pénis » de ce roman qui n’en respecte pas les codes mais n’en constitue pas moins un rappel nécessaire: quarante ans après la prétendue révolution de Khomeini lors de son arrivée au pouvoir, et malgré l’élection de présidents « réformistes », « la situation est catastrophique en Iran », et plus encore pour les femmes. L’auteure nous en fournit quelques exemples récents, inspirés de faits réels, dont l’horreur pétrifie. Que faire contre ce régime où la mort d’une femme ne vaut pas plus que celle d’un chien ? « Je rentre en Iran sur ordre de mon imagination. » pour conjurer sa rage et son impuissance, djavann n’a d’autre choix que de rêver son retour, pour assister, émerveillée, à la chute des mollahs « par la volonté, l’intelligence et le courage d’un être sans pénis. Une femme ».