Drogues, en finir avec la démagogie
lSD, MDMA, champignons hallucinogènes… Trois noms de substances classées stupéfiants et interdites à la vente, plus réputées pour leur consommation clandestine dans les milieux de la fête que pour s’afficher à la une de « l’Obs ». Trois noms de drogues qui recèlent aussi des propriétés thérapeutiques insoupçonnées et pourraient venir compléter la pharmacopée des troubles psychiatriques parmi les plus sévères. Depuis quelques années, un nouveau champ de recherche voit ainsi le jour en psychiatrie, une discipline où les avancées scientifiques sont pourtant peu nombreuses. Le potentiel thérapeutique des substances psychédéliques, qui avaient fait l’objet d’un véritable engouement médical lors de leur découverte dans les années 1950, est revisité : plusieurs pays, dont les EtatsUnis, la Grande-Bretagne et la Suisse, mènent actuellement des essais cliniques encadrés pour contrer les états dépressifs résistants aux traitements.
Si nous portons ce sujet à la une, c’est qu’il nous semble indispensable, à « l’Obs », de contribuer à la connaissance scientifique tout en appelant à un débat apaisé sur les drogues. Sur ces questions, la France se distingue depuis plusieurs années par un conservatisme coupable. Le cannabis thérapeutique, dont on connaît les bienfaits pour soulager les effets secondaires de chimiothérapie ou la sclérose en plaques, vient seulement d’être autorisé du bout des lèvres par les autorités sanitaires et pour une simple expérimentation auprès de 3 000 patients. On estime pourtant que la substance, autorisée depuis plusieurs années dans bien d’autres pays occidentaux, pourrait soulager jusqu’à 700 000 malades en France. Dans la même veine, il est à craindre que l’Hexagone reste à l’écart du renouveau de la recherche scientifique sur les psychédéliques.
C’est malheureusement un fait : sur la question des drogues, notre pays fait encore trop souvent passer les considérations idéologiques avant celles de santé publique. Cinquante ans après l’adoption de la loi de 1970 qui pénalise l’usage des stupéfiants, nos dirigeants s’enferment toujours plus dans un discours répressif de guerre à la drogue qu’ils savent pourtant vain : la prohibition n’a empêché ni le cannabis récréatif de devenir un produit de consommation courante ni le marché clandestin d’exploser ces dernières années. A un an de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a récemment écarté toute discussion ouverte sur la légalisation du cannabis, préférant privilégier une approche sécuritaire qu’il estime sans doute plus payante électoralement. Au même moment, une mission d’information parlementaire sur les drogues, emmenée par des élus LREM et LR, demandait pourtant une « légalisation régulée » par l’Etat, seule manière, selon eux, de « reprendre le contrôle » sur une situation sans issue. A l’inverse de ces parlementaires courageux, il est à craindre que sur ce sujet brûlant nos politiques privilégient encore longtemps la démagogie à l’intérêt commun. C. P.
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