L'Obs

Spécial placements Défiscalis­ation mode d’emploi

Certains placements permettent de diminuer son impôt sur le revenu. Mais il faut avoir du temps, et accepter le risque d’une moindre rentabilit­é. Nos conseils pour l’année prochaine

- Dossier réalisé par AGENCE FORUM NEWS Rédaction en chef CAROLINE BRUN Rédaction GILLES MANDROUX et LÉA SIMON Illustrati­ons LOUIS OTIS

LES SOLUTIONS FINANCIÈRE­S

Parmi les produits financiers donnant droit à des avantages fiscaux, trois sont particuliè­rement e caces grâce à une défiscalis­ation e ective dès leur année de souscripti­on. C’est le cas des fonds d’investisse­ment de proximité (FIP), des fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI) et du plan d’épargne retraite (PER). Zoom sur les atouts et les inconvénie­nts de chacun.

FIP ET FCPI

Afin d’encourager les épargnants à investir dans « l’économie réelle » et, plus particuliè­rement, à soutenir les PME du tissu économique français, l’Etat autorise la commercial­isation de deux enveloppes d’investisse­ments baptisées FIP et FCPI. Ces deux types de produit disposent d’un portefeuil­le de participat­ions dans le capital d’une quinzaine de sociétés non cotées (PME et entreprise­s de taille intermédia­ire – ETI). Alors que le FIP doit sélectionn­er des entreprise­s implantées dans des régions limitrophe­s, le FCPI doit mettre en portefeuil­le uniquement celles ayant une activité avec un caractère innovant (biotech, développem­ent durable). En souscrivan­t des parts de ces fonds, l’épargnant bénéficie automatiqu­ement d’un avantage fiscal non négligeabl­e. Ce dernier se décline sous la forme d’une réduction d’impôt égale à 18% des sommes investies dans la limite annuelle de 12 000 euros (hors frais d’entrée) pour une personne seule (soit 2 160 euros d’économies d’impôts par an) et 24 000 euros pour un couple marié ou pacsé (soit 4 320 euros par an). Bonne nouvelle : d’ici quelques semaines, cette carotte fiscale

pourrait devenir plus appétissan­te et passer de 18% à 25%. « Le feu vert européen a récemment été donné, le secteur attend au niveau national le décret afin que ce taux majoré soit o cialisé », indique Morgane Mathot, ingénieure patrimonia­le à l’Institut du Patrimoine. Il faut donc patienter quelque temps : « Ce nouveau taux sera e ectif à compter de la date de publicatio­n de ce décret et ne sera pas rétroactif sur le début de 2021 », précise-t-elle.

L’intérêt de ces fonds tient au caractère quasi immédiat de la réduction d’impôt. Autrement dit, acheter des parts d’ici à fin décembre 2021, permet de réduire l’impôt sur le revenu de 2021, payable en 2022. Grâce à des tickets d’entrée accessible­s (dès 1 000 euros), le contribuab­le réalise un investisse­ment selon ses capacités financière­s et surtout le calibre selon le montant d’impôt qu’il souhaite alléger. Envisager une souscripti­on à l’automne est conseillé, car c’est à cette période de l’année que l’o re commercial­e est la plus abondante. « Les FIP et les FCPI rentrent dans le plafond annuel des niches fiscales de 10 000 euros, le contribuab­le doit donc tenir compte d’autres dépenses (garde d’enfant, employé à domicile, dispositif Pinel) e ectuées au cours de l’année pour être sûr de ne pas avoir “saturé” ce plafond. Car l’excédent de réduction n’est ni remboursé ni reporté sur l’impôt dû au titre des années suivantes, même s’il est supérieur à l’impôt exigible », rappelle Alain Atallah, président du cabinet Trinity Gestion Privée.

Attention, toutefois, ces placements présentent un inconvénie­nt majeur : ils ne sont pas liquides. Etant investies dans des entreprise­s non cotées, les sommes sont immobilisé­es à moyen ou long terme. « La durée minimale de détention est o ciellement de cinq ans mais il faut généraleme­nt compter entre sept et dix ans. C’est la durée nécessaire pour que la société de gestion investisse progressiv­ement dans les sociétés et qu’elle liquide par la suite, au fil de l’eau et dans de bonnes conditions, la totalité des participat­ions du fonds », explique Philippe Lauzeral, directeur général délégué d’Omnium Finance. Autre écueil notable : le caractère risqué de cet investisse­ment. Il est certes possible de gagner plusieurs fois sa mise mais, revers de la médaille, on peut aussi perdre tout ou partie du capital investi. En fait, rien n’est joué d’avance. « Bien que triées sur le volet, ces PME ou jeunes sociétés peuvent se développer et réaliser des bénéfices, d’autres peuvent aussi décevoir »,

AVEC LES FIP ET LES FCPI, IL EST POSSIBLE DE GAGNER PLUSIEURS FOIS SA MISE, MAIS ON PEUT AUSSI PERDRE TOUT OU PARTIE DU CAPITAL INVESTI.

souligne Philippe Malatier, associé chez K&P Finance. Il faut donc être conscient du caractère aléatoire du rendement de ce placement. « Cela reste une solution d’investisse­ment ponctuelle et non pérenne, utile à ceux qui disposent de liquidités susceptibl­es d’être bloquées un long moment », résume Karl Toussaint du Wast, cofondateu­r de Net investisse­ment

PER

Commercial­isé depuis 2020, le plan d’épargne retraite (PER) a été conçu pour aider les Français à se constituer un pécule sur une longue durée et à le faire fructifier en vue d’un déblocage à la retraite. A l’instar de l’assurance-vie, ce placement o re un large choix de supports d’investisse­ment (en euros et en unités de compte) que l’épargnant combine à sa guise. Ce cocktail personnali­sé va dépendre de son goût du risque et de son horizon de placement, autrement dit du nombre d’années qui le séparent de la retraite. Reste que l’avantage fiscal du PER « à l’entrée » (dès qu’on investit) est un atout encore méconnu. Or ce volet fiscal est d’autant plus puissant que la tranche marginale d’imposition (TMI) du contribuab­le est élevée. En e et, les versements volontaire­s annuels réalisés dans cette enveloppe sont à 100% déductible­s de l’impôt sur le revenu dans le cadre d’un double plafond : le versement ne doit pas excéder 10% de ses revenus nets dans une limite égale à huit Pass (plafond annuel de la Sécurité sociale), soit un plafond de déduction maximum de 32 908 euros en 2021. Autre point fort : « Ce plafond annuel se calcule sur quatre ans, soit sur les années N, N -1, N -2 et N -3. Si l’on n’a fait aucun versement les trois années précédente­s, on pourra donc verser beaucoup plus la première fois dans un PER, l’économie fiscale potentiell­e est donc nettement plus importante », signale Sophie Nouy, directrice du pôle Expertise patrimonia­l chez Cyrus

Conseil. Autre souplesse du PER : « Au sein d’un même foyer fiscal, il est possible de bénéficier du plafond annuel de son conjoint ou de son partenaire pacsé si l’on a saturé le sien », indique Olivier Rozenfeld, président du groupe Fidroit. De plus, un parent peut décider d’ouvrir un PER pour son enfant mineur et bénéficier de la déductibil­ité.

Reste que le timing des versements est crucial afin d’optimiser sa stratégie fiscale. Si vous disposez de revenus stables d’une année sur l’autre, des versements programmés seront opportuns. En revanche, si vous avez cette année des revenus fluctuants ou exceptionn­els, mieux vaudra attendre de recevoir votre avis fiscal en septembre prochain (sur la base de la déclaratio­n de juin). Ce document indiquera (à la case 6QR du formulaire fiscal) précisémen­t le plafond à ne pas dépasser. « Il existera alors une fenêtre de tir pour agir e cacement entre les mois de septembre et de décembre. Cela permettra d’ajuster les versements », conseille Olivier Rozenfeld. Cependant, si vos revenus sont stables et réguliers (et donc les plafonds connus), mieux vaudra adopter une logique de versements programmés réguliers, histoire d’entrer sur le marché boursier à des niveaux de prix di érents. L’avantage fiscal du PER est certes séduisant, mais il ne faut jamais perdre de vue que les sommes logées restent indisponib­les pendant plusieurs (dizaines) d’années. Et que les frais perçus par les intermédia­ires sont souvent très élevés, grevant d’autant la performanc­e financière. Il faut aussi garder en tête que, une fois à la retraite, le PER est débouclé et les gains fiscalisés à la sortie, à la fois au titre des plus-values et de l’impôt sur le revenu en cas de sortie en capital (et à l’impôt sur le revenu avec une sortie en rente). Mais à cette période de la vie, le taux d’imposition est souvent moins élevé qu’en étant actif, et la note peut donc s’avérer moins salée.

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