Audrey Fleurot
L’actrice, qui s’était notamment illustrée dans “Engrenages” et “Un village français”, casse la baraque dans “HPI”, la série policière qui triomphe sur TF1
1 “HPI”
Dans cette série décevante mais plébiscitée par 12 millions de téléspectateurs sur TF1 – une première depuis quinze ans –, l’actrice incarne Morgane Alvaro, trois enfants, deux ex, cinq crédits, 160 de QI (d’où le titre, « HPI » comme « haut potentiel intellectuel »). Forte en gueule et rétive à l’autorité, cette Erin Brockovich se voit recrutée par la PJ lilloise comme consultante. Malgré son peu d’empathie pour la corporation – « foutre des PV, balancer des lacrymos, déloger des sans-papiers, très peu pour moi » –, elle n’a pas le choix. Symbole des brutalisés de l’époque, Alvaro, allure de pin-up trash, tire le diable par la queue : à la supérette, chaque bon de réduction compte. La voici donc embedded avec un lieutenant réfractaire (Mehdi Nebbou), contraint de se fier à son bon sens : « La meuf se galère à ranger ses coussins au carré et il manquerait la cordelette du rideau! » Avec son cerveau qui percute mille fois plus vite que le leur, Morgane, prénom de fée, langage de charretier, laisse ses collègues masculins sur place.
2 SUITE
La chaîne a déjà reconduit pour une saison 2 les tribulations de cette hypersensible accro aux « Experts », où Audrey Fleurot – tout sauf bressonnienne – ne ménage pas sa peine.
3 VOCATION
Née fille unique à Mantesla-Jolie (Yvelines), Audrey Fleurot a 8 ans lorsqu’elle accompagne son père, pompier de service, à la Comédie-Française. C’est la révélation. Elle commence la danse – « trop de seins » –, s’inscrit dans une école de cirque et entre à l’Ensatt (Ecole nationale supérieure des Arts des Techniques du Théâtre), à Lyon. A la sortie, les metteurs en scène Gérard Desarthe et Laurent Pelly lui mettent le pied à l’étrier. Alexandre Astier la choisit pour jouer la Dame du Lac dans la série « Kaamelott » (elle reprend son rôle dans le film qui sort sur les écrans le 25 novembre).
4 ADOLESCENCE
Ou l’école de l’humiliation. Elle traîne quelques kilos de trop : « Quand vous avez grandi en étant “la grosse”, vous êtes “la grosse” toute votre vie. En prime, je portais un appareil dentaire. »
5 ROUSSE
Sa chevelure épouse le ton de celle des sorcières maléfiques et des modèles de Renoir. « Sur les photos de classe, j’étais le point d’exclamation. On ne voyait que… moi. » Julianne Moore, Jessica Chastain, Emma Stone ont changé la donne. Sculpturale et flamboyante dans « Intouchables », le hit d’Olivier Nakache et Eric Toledano, celle qui professe « préférer un petit rôle dans un grand film, au lieu de l’inverse », se payait le luxe de renvoyer dans ses 22 mètres Omar Sy, auquel elle faisait tourner la tête.
6 SÉRIES
« A l’époque, pour mes copains du théâtre, c’était de la prostitution », dit-elle.
7 SUCCÈS
Il pointe son nez avec « Engrenages », série à la noirceur de basalte dont les personnages se débattent au sein de systèmes policiers et judiciaires à la dérive. Audrey Fleurot y interprète, comme souvent, une garce, Joséphine Karlsson, vénéneuse avocate, victime d’un viol :
« Joséphine m’impressionne. Elle se fout des conventions, trace sa route, quitte à écraser tout le monde. »
8 CONFIRMATION
Dans « Un village français », série qui fouille notre mauvaise conscience collective, elle devient Hortense, mariée à un maire vichyssois sous l’Occupation et éprise d’un officier allemand.
« Extraordinairement égoïste, imperméable à la marche du monde, Hortense est une authentique amoureuse. » Qui finira tondue à la Libération. Dans « le Bazar de la Charité », elle s’affranchit d’un mari violent. Dans « Dix pour cent », sa fibre comique reprend le dessus. Elle y joue… Audrey Fleurot, deux enfants, en délicatesse avec le fisc qui lui reproche de refuser des rôles : « Je n’allais tout de même pas courir après des zombies avec mon épisiotomie. »
Et décline celui d’une stripteaseuse écologiste capable d’accepter un « ménage » : se rendre, moyennant finances, à l’anniversaire d’un oligarque russe.
9 HOBBYS
Elle court les marathons de tango, danse théâtrale par excellence, avec son mari, le réalisateur Djibril Glissant, fait à l’occasion des stages de maçonnerie et regarde en boucle « Friday Night Lights », une série qui raconte le quotidien d’une équipe de football américain au fin fond du Texas.
10 FÉMINISME
En 2018, après le scandale Weinstein, elle appose son nom au bas d’un manifeste lancé par la Fondation des Femmes : « On a subi [le sexisme ou les violences]… On a enduré… On a crié… On a balancé… On a polémiqué… Maintenant, on agit. » Parmi les signataires, Virginie Efira, Adèle Haenel ou Agnès Jaoui. « Quand on est une femme, on est agressée quotidiennement que ce soit verbalement ou physiquement, dit-elle. Moi, mes premiers contacts avec des sexes masculins, ce sont les exhibitionnistes des Buttes-Chaumont. »