L’appli qui taille la route
En 2049, bouger sera simple comme un clic : une seule plateforme permettra d’organiser un périple en utilisant tous les modes de transport. Aperçu d’une petite révolution
Heureux comme un voyageur en 2049 ! Commander son robot-taxi, choisir de combiner vélo électrique et marche à pied en suivant la suggestion d’une intelligence artificielle qui a bien compris que vous aviez encore deux petits kilos à perdre, ou s’o rir un trajet dans les airs en avion à hydrogène : tout sera mis en oeuvre pour faciliter les déplacements à la carte.
Dans trente ans, fini les sites de réservation fastidieux et les salles d’attente. La MaaS (« Mobility as a Service »), ou la mobilité conçue comme un service, organisera nos déplacements. Sur une même plateforme digitale, le voyageur choisira parmi les moyens de transport qui lui conviennent le mieux, e ectuera ses réservations, les
modifiera et les paiera en quelques clics. « Une expérience fluide, multimodale, personnalisée, simple, et réalisée en toute sécurité, bien sûr », commente Arnaud Julien, directeur Innovation, Data et Digital du groupe Keolis.
Ces applis qui nous permettront bientôt de tailler la route sont déjà à l’étude. En 2049, nul doute qu’elles seront au point ! Avec toujours les mêmes attentes pour les voyageurs : simplicité, facilité, fluidité. Mais tous ces services seront gérés par une seule application sur smartphone. Une évolution très attendue. Ainsi, selon l’étude Keoscopie International réalisée parl’Observatoire international des Mobilités digitales Keolis Netexplo, 83 % des personnes interrogées estiment aujourd’hui que la technologie joue un rôle essentiel pour simplifier les déplacements, et 70 % utilisent au moins une fois par mois des applications d’orientation comme Citymapper ou Whim.
Et dans trente ans, les solutions technologiques dont nous voyons déjà les prémices seront aussi solides que répandues. Fini les coupures de réseau dans les métros selon les opérateurs ou les types de téléphone ! Et le casse-tête consistant à faire collaborer tous les acteurs de la mobilité, qu’ils soient publics ou privés, pour que l’expérience soit unifiée, sera résolu. Le voyageur de 2021 qui décide de réserver un Vélib’ pour rejoindre la gare, puis de prendre le train, et de réserver un VTC pour arriver à sa destination finale, doit utiliser trois services di érents, en gérant les horaires et une facturation spécifique à chaque mode de transport. En 2049, une seule application su ra. Et les applis personnalisées seront capables de proposer des trajets en fonction des profils et des goûts du voyageur.
Ils utiliseront aussi d’autres moyens de transport. « D’ici à vingt ans, on peut imaginer que la décarbonation de la mobilité sera généralisée, et que l’autonomie aura franchi encore de nouveaux paliers », estime François Hilbrandt, spécialiste transport et mobilités pour le cabinet de conseil Wavestone. Les robots-taxis et les véhicules autonomes de transport collectif font partie de ce paysage d’avenir, tout comme les stations de recharge électriques ou hydrogènes.
“LA MOBILITÉ SERVICIELLE SERA PASSÉE DANS LES MOEURS.”
FRANÇOIS HILBRANDT, SPÉCIALISTE TRANSPORT ET MOBIILITÉS
Le concept de mobilité partagée sera largement répandu. Et posséder son propre véhicule pourrait devenir incongru pour certains. Ceux-là vont préférer utiliser un mode de transport collectif : métro, bus, train, mais aussi covoiturage, navettes pour les groupes de petite taille. « La mobilité servicielle sera passée dans les moeurs », poursuit François Hilbrandt. Pour autant, il sera tout à fait possible d’acheter un véhicule individuel autonome… à condition qu’il soit non polluant. « La seule hypothèse où le transport individuel reprendra peut-être une place non négligeable dans l’écosystème de la mobilité », note François Hilbrandt.
Reste une question de taille : tous les voyageurs pourront-ils bénéficier de la même expérience client quel que soit l’endroit où ils se trouvent ? En 2049, certaines zones seront certainement bien maillées, avec tous les moyens de transport possibles et imaginables, jusqu’à ceux qui viendront chercher le voyageur en bas de chez lui, mais d’autres ne seront pas aussi gâtés. « Il faudra trouver des solutions pour ces points plus éloignés, sinon la mobilité servicielle ne sera disponible que pour les habitants des zones urbaines denses », souligne François Hilbrandt. Un enjeu d’égalité et d’inclusivité que devront aborder les smart cities.
Dernière inconnue : l’aérien. le voyageur de 2049 pourra-t-il choisir de faire ses trajets en volant ? Aujourd’hui, les projets UAM – pour Urban Air Mobility – sont pleins de promesses, et de très nombreux constructeurs investissent massivement dans ce domaine. Le transport aérien urbain – taxis aériens, hélicoptères nouvelle génération, avions à décollage vertical, voitures convertibles en avion – pourrait permettre de fluidifier le trafic. Et de faire décoller l’expérience client du voyageur.
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