“Nous agissons pour le climat et pour le pouvoir d’achat”
Pourquoi avoir mis en place la gratuité des transports publics à Nantes le week-end ?
C’était un engagement de campagne, qui répond à un double objectif : agir pour le climat d’abord, en proposant une alternative gratuite à la voiture ; agir pour le pouvoir d’achat ensuite car, pour certaines familles, se déplacer à trois ou quatre durant le week-end peut constituer un budget important. C’est aussi, au passage, une mesure de soutien aux commerces de centre-ville. En parallèle, pour une évidente justice entre les usagers, nous avons, dès janvier, baissé de 20% le prix de tous les abonnements à la TAN [les transports en commun de l’agglomération nantaise, NDLR]. Cette mesure s’inscrit dans un processus plus ancien : nous avions déjà mis en place une tarification solidaire qui profite à plus de 65 000 habitants de la métropole, dont 35 000 qui bénéficient d’une gratuité totale.
De manière presque surprenante, les associations d’usagers ne soutiennent pas ce mouvement. Elles s’inquiètent notamment d’une décrue des investissements…
C’est un changement de paradigme, il est donc logique que cela crée le débat, même si l’on peut regretter, parfois, une forme de conservatisme sur le sujet… Je tiens en tout cas à rassurer : il est hors de question que cette démarche survienne au détriment de l’entretien du réseau ou de nouveaux investissements. Nous allons notamment lancer la construction de trois nouvelles lignes de tram et augmenter l’offre de transport les week-ends, pour répondre à la demande.
Les associations redoutent aussi, presque philosophiquement, que les usagers accordent moins de valeur à un service qu’ils ne paient plus…
Il existe déjà un certain nombre de services pour lesquels la société a fait le choix de la gratuité : l’éducation, la santé… Au vu des enjeux climatiques, il faut peut-être désormais l’envisager pour les transports. On assiste en effet à l’émergence de la notion de « bien commun ». Là où seules des petites villes ou de taille moyenne avaient jusqu’alors sauté le pas, Nancy, Montpellier et Nantes ouvrent désormais une voie pour les grandes villes.
Mais la gratuité incite à la mobilité, à l’heure où certains écologistes appellent plutôt à la dé-mobilité…
Les deux notions peuvent coexister. A Nantes, nous avons lancé une réflexion sur la ville de proximité, la « ville du quart d’heure », pour que chacun puisse avoir accès, au plus près de chez lui et sans utiliser la voiture, aux services publics, à des commerces, aux médecins ou encore aux loisirs… Il est important de repenser l’organisation de nos vies, mais cela ne doit pas être synonyme d’un empêchement de se déplacer !