L'Obs

“Nous agissons pour le climat et pour le pouvoir d’achat”

- Johanna Rolland Maire (PS) de Nantes et présidente de Nantes Métropole Propos recueillis par R. F.

Pourquoi avoir mis en place la gratuité des transports publics à Nantes le week-end ?

C’était un engagement de campagne, qui répond à un double objectif : agir pour le climat d’abord, en proposant une alternativ­e gratuite à la voiture ; agir pour le pouvoir d’achat ensuite car, pour certaines familles, se déplacer à trois ou quatre durant le week-end peut constituer un budget important. C’est aussi, au passage, une mesure de soutien aux commerces de centre-ville. En parallèle, pour une évidente justice entre les usagers, nous avons, dès janvier, baissé de 20% le prix de tous les abonnement­s à la TAN [les transports en commun de l’agglomérat­ion nantaise, NDLR]. Cette mesure s’inscrit dans un processus plus ancien : nous avions déjà mis en place une tarificati­on solidaire qui profite à plus de 65 000 habitants de la métropole, dont 35 000 qui bénéficien­t d’une gratuité totale.

De manière presque surprenant­e, les associatio­ns d’usagers ne soutiennen­t pas ce mouvement. Elles s’inquiètent notamment d’une décrue des investisse­ments…

C’est un changement de paradigme, il est donc logique que cela crée le débat, même si l’on peut regretter, parfois, une forme de conservati­sme sur le sujet… Je tiens en tout cas à rassurer : il est hors de question que cette démarche survienne au détriment de l’entretien du réseau ou de nouveaux investisse­ments. Nous allons notamment lancer la constructi­on de trois nouvelles lignes de tram et augmenter l’offre de transport les week-ends, pour répondre à la demande.

Les associatio­ns redoutent aussi, presque philosophi­quement, que les usagers accordent moins de valeur à un service qu’ils ne paient plus…

Il existe déjà un certain nombre de services pour lesquels la société a fait le choix de la gratuité : l’éducation, la santé… Au vu des enjeux climatique­s, il faut peut-être désormais l’envisager pour les transports. On assiste en effet à l’émergence de la notion de « bien commun ». Là où seules des petites villes ou de taille moyenne avaient jusqu’alors sauté le pas, Nancy, Montpellie­r et Nantes ouvrent désormais une voie pour les grandes villes.

Mais la gratuité incite à la mobilité, à l’heure où certains écologiste­s appellent plutôt à la dé-mobilité…

Les deux notions peuvent coexister. A Nantes, nous avons lancé une réflexion sur la ville de proximité, la « ville du quart d’heure », pour que chacun puisse avoir accès, au plus près de chez lui et sans utiliser la voiture, aux services publics, à des commerces, aux médecins ou encore aux loisirs… Il est important de repenser l’organisati­on de nos vies, mais cela ne doit pas être synonyme d’un empêchemen­t de se déplacer !

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France