UNE BULLE SPÉCULATIVE ?
Science et business psychédéliques sont le nouveau terrain de jeu des milliardaires de la Silicon Valley, à commencer par Peter Thiel, investisseur précoce dans Facebook. Il est notamment l’un des actionnaires de Compass Pathways. Désespérés par l’absence de solution pour leur fils sou rant de dépression sévère, George Goldsmith et Ekaterina Malievskaia ont créé Compass en 2016 comme une association à but non lucratif. Puis l’ont transformée en société anonyme. Objectif ?
« Accélérer l’accès des patients à l’innovation en santé mentale, étayée par des preuves », explique Ekaterina. Appuyée par d’éminents scientifiques, la société développe une thérapie à la psilocybine de synthèse – dont elle a breveté une formule – pour lutter contre les dépressions résistantes. Introduite sur le Nasdaq en septembre 2020, Compass est valorisée en
Bourse 1,4 milliard de dollars… alors qu’elle n’a encore aucun revenu ! Accusée par la communauté des usagers de vouloir « privatiser » les champignons magiques et s’enrichir sur le dos des malades, Ekaterina répond :
« La propriété intellectuelle créée par notre recherche scientifique nous permet de générer les ressources nécessaires pour financer notre travail. » Le modèle de Compass a évolué vers le profit, « parce que nous pensons que c’est le meilleur moyen de soutenir les travaux nécessaires pour développer les thérapies à la psilocybine sur une grande échelle et les rendre vite accessibles au plus grand nombre de patients. » Compass mène en e et un essai clinique ambitieux impliquant 216 patients sur 22 sites aux Etats-Unis et en Europe (Royaume-Uni, Danemark, Pays-Bas, Espagne…), ce qui requiert plusieurs millions de dollars sur une longue période.