Moi, Lyz, 15 ans, sportive et abusée
SLALOM, PAR CHARLÈNE FAVIER. DRAME FRANÇAIS, AVEC NOÉE ABITA, JÉRÉMIE RÉNIER, MARIE DENARNAUD (1H32).
Slalom : parcours sinueux entre des obstacles. Ce que n’est pas le premier film de Charlène Favier, qui aborde la question de l’emprise sexuelle dans le sport sans détours. Lyz, 15 ans, intègre la classe ski-études de Fred, un entraîneur très prisé. Lui, impressionné par ses capacités, mise tout sur sa nouvelle recrue. Elle, loin de ses parents démissionnaires, trouve la confiance qui lui manque auprès de ce mentor. Quand bien même il se met à lui soutirer des faveurs sexuelles. Charlène Favier sait de quoi elle parle ; sportive de haut niveau à l’adolescence, elle fut la proie d’un coach trop entreprenant. Il lui aura fallu du temps avant d’en faire le sujet de son passage à la mise en scène. Des années de maturation qui se traduisent à l’écran. En adoptant le point de vue de Lyz, la réalisatrice met au jour la complexité du rapport entre victime et bourreau, qui plus est dans un domaine où l’on s’expose et se donne physiquement. Cette implication se retrouve dans la mise en scène, attentive aux corps, tandis que la station de ski, baignant dans les clairs-obscurs et les étincelles neigeuses, apparaît comme un cocon glacial et protecteur. Pour comprendre le déni et le silence des mineures victimes d’agressions sexuelles, on ne peut que conseiller ce film où Jérémie Renier et la jeune Noée Abita (photo), remarquables, zigzaguent d’un trouble à un autre. Cette métaphore du slalom, alpin et psychologique, si elle ne permet pas à Charlène Favier de s’affranchir des limites de son sujet, donne d’autant plus de force et de tenue à sa démonstration qu’elle n’est jamais soulignée.