António Costa
Vainqueur aux législatives, ce social-démocrate proeuropéen, qui restera Premier ministre, est l’artisan du “miracle portugais”
1 SURPRISE
Alors que les sondages le donnaient au coude à coude avec le leader de centre droit, Rui Rio, António Costa a remporté, ce dimanche 30 janvier, la majorité absolue à l’Assemblée de la République du Portugal avec 41,7 % des voix. Le socialiste devient ainsi Premier ministre pour la troisième fois consécutive. C’est la défection de ses alliés de gauche en octobre, lors du vote du budget, qui a précipité des élections législatives anticipées. Seule ombre au tableau, le score de l’extrême droite de Chega (« Assez ») : 7,15 % et 12 députés, une première depuis la chute de la dictature salazariste.
2 POPULAIRE
Visage hâlé, cheveux blancs et sourire éclatant, António Costa, 60 ans, est une personnalité très populaire au Portugal, qui fait ses courses lui-même sans garde du corps. Ses concitoyens le connaissent depuis 1991, date à laquelle il a été élu député à 30 ans. Il a ensuite été ministre à plusieurs reprises dans les années 1990 et 2000, puis vice-président du Parlement européen.
3 “NOUVEL OBS”
« J’ai appris à lire dans votre hebdomadaire que nous recevions chaque semaine à la maison »,a raconté à « l’Obs » en 2019 le très francophone António Costa. Sa mère, Maria Antónia Palla, était une pionnière du journalisme féminin dans son pays.
Son père, l’écrivain Orlando da Costa, venait d’une grande famille de Goa, en Inde. Il appelait son fils « Babush » qui signifie « enfant » en konkani, la langue de cet ancien comptoir portugais.
4 LISBONNE
Maire de la capitale portugaise d’août 2007 à avril 2015, son bilan de premier édile fait l’unanimité. Il a commencé son mandat en installant son bureau dans un vieux quartier devenu un ghetto pour toxicomanes. Il a aussi interrompu le processus de privatisation des transports en commun de la ville engagé par son prédécesseur.
A Paris, Anne Hidalgo s’est inspirée de sa pratique des conseils de quartiers.
5 “GERINGONÇA”
António Costa est devenu chef du gouvernement pour la première fois le 24 novembre 2015. Il a réussi à bâtir une grande coalition avec le PC, les Verts et le
Bloc de gauche, proche de La France insoumise. Ces trois partis ont accepté de soutenir son gouvernement sans y participer. Une alliance improbable surnommée péjorativement « geringonça » (« truc », « bidule ») parce que socialistes et communistes entretenaient des relations exécrables depuis quarante ans.
6 MIRACLE
Il est l’artisan du « miracle portugais ». Après les cinq années d’austérité qui ont épuisé le pays sous le gouvernement de centre droit, il a rétabli les 35 heures dans la fonction publique, augmenté le smic de 24 % en trois ans et indexé les retraites sur l’inflation. Au bout de quelques années, le Portugal a enregistré un excédent budgétaire, une réduction de la dette et un taux de chômage à moins de 6 %. De nouveaux emplois très précaires, constatent ses opposants.
7 RETRAITÉS
António Costa agace les retraités étrangers venus en nombre au Portugal pour profiter d’un régime fiscal favorable : après cinq ans d’installation, ils étaient exemptés d’impôt sur le revenu. En janvier 2020, Costa a décidé de supprimer cet avantage et a instauré une taxation de 10 % des pensions et autres revenus.
8 COVID
Après avoir fait figure de modèle pour sa gestion de la crise sanitaire, le Portugal a dû, en janvier 2021, demander l’aide de ses voisins. Aujourd’hui, le pays compte le plus fort taux de vaccination en Europe chez les plus de 25 ans (98 %). Lors du premier confinement, le gouvernement a opéré une régularisation « provisoire » des sans-papiers afin qu’ils puissent être soignés.
9 ÉOLIENNES
Le Portugal est le bon élève de l’Europe en matière d’énergies renouvelables. Celles-ci représentent 60 % de la production électrique du pays qui vise 100 % en 2040. Un résultat dû au déploiement massif d’éoliennes. Les plus hautes du monde (190 mètres) viennent d’être installées à 20 kilomètres des côtes.
10 CHINE
Selon l’ambassadeur des Etats-Unis à Lisbonne, le Portugal est devenu l’un des fronts du « champ de bataille entre l’Amérique et la Chine ». De fait, il a été le premier en Europe à lancer un emprunt en yuan sur le marché chinois. Et le géant des télécoms Huawei assure une partie du développement de la 5G dans le pays.