L'Obs

Et si on faisait des thérapies avec nos amis?

- Par RENÉE GREUSARD R. G.

Je ne suis pas une amie facile, je crois. Ma psy dit que je suis exigeante. C’est une manière gentille de dire : « grave relou ». Ce qui est certain, c’est que j’ai vécu avec mes amies des périodes de crise intenses. Il m’est arrivé de me disputer avec elles à en crier ou encore d’envoyer des e-mails aussi longs qu’une nouvelle. Certaines de ces crises ont abouti à une nouvelle étape, d’autres à une prise de distance douloureus­e et ce pendant des années. C’est le ver qui s’enlise dans la pomme. Quand cela se produit dans un couple, on n’a pas peur d’aller voir un psy de couple. Mais quand cela se produit en amitié, songerait-on à faire de même? Pas encore, mais je vous le dis : ça va finir par arriver. Je le sens. La première fois que j’en ai entendu parler, c’était il y a deux ans par mon collègue Henri Rouillier. Dans un article publié sur le site de « l’Obs », il racontait l’histoire d’Ann Friedman et Aminatou Sow : « Pour sauver leur “grande amitié”, ces deux autrices ont suivi une thérapie. » En novembre dernier, c’était au tour du podcast américain Invisibili­a de s’emparer du sujet avec une série d’épisodes fantastiqu­es sur l’amitié. Dans le dernier, « Therapy, With Friends », on se retrouve embarqués dans une séance de ce genre. La thérapeute Esther Pérel accompagne deux très anciens amis dans une réflexion sur le lien qui les unit. En écoutant ce truc, je ne saurais pas vous dire pourquoi, je me suis retrouvée en pleurs dans les transports en commun. Sûrement parce que le lien amical me touche profondéme­nt, que je trouve cela beau, ces fratries choisies, et souvent plus sain que les relations amoureuses. Rien n’est jamais gratuit, nous sommes souvent intéressés mais en amitié, je crois que nous le sommes souvent un peu moins. Bref, si une amie me lit et que ça lui dit, je suis prête à tenter l’expérience : explorer le merdier de notre relation. Cap ou pas cap ?

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