L'Obs

TOP EST JERRY

Comédie américaine de Jerry Lewis (1961). Avec Jerry Lewis, Helen Traubel, Pat Stanley. 1h32.

- FRANÇOIS FORESTIER

Mes deux gags préférés dans ce film, je vous les donne. Numéro un : grouillot dans une pension de jeunes filles, méfiant envers la gent féminine, Jerry Lewis fait de son mieux. Il balaie, sert, obéit, nourrit le chien, observe toutes ces créatures sans y toucher, et se fait régulièrem­ent engueuler par la directrice, Helen Wellenmell­on. Un visiteur arrive : c’est Buddy Lester, un acteur qui a toujours joué des truands – et qui en a l’allure. Jerry Lewis l’accueille, le fait patienter en attendant que la fiancée du gars arrive, époussette la veste, redresse la cravate et le chapeau de Lester. Il ne fait que des sottises, et on sent que le truand bout sur place. Finalement, il sort de la maison, et Jerry tire sur un fil qui traîne, et on entend, hors champ, notre mafieux qui s’écroule… Rires garantis. Numéro deux : Jerry ouvre la porte d’une des chambres d’étudiantes, et voit une femme en noir pendue par les pieds (Miss Cartilage). Elle se dénoue et, derrière elle, un orchestre entier (celui de Harry James) se met à jouer, sur un fond de ciel bleu. Jerry Lewis danse avec la femme en noir, moment surréalist­e, moment poétique (oui !). Juste pour les cinéphiles : Miss Cartilage est jouée par Sylvia Lewis, qui a commencé comme danseuse dans « Chantons sous la pluie » et est apparue dans « Bedlam in Paradise » (avec Les Trois Stooges), « The Lieutenant Wore Skirts » (avec Rita Moreno) et « le Conquérant » (avec John Wayne). « Le Tombeur de ces dames », deuxième mise en scène de Jerry Lewis, est un film célèbre : le décor, construit sur le plateau Paramount, est incroyable : il s’agit d’une maison en coupe, avec la caméra virevoltan­t d’étage en étage (à une époque où les caméras étaient grosses comme des armoires normandes !). Lewis peaufine son personnage de timide un tantinet névrotique (avec l’aide de Mel Brooks, qui a travaillé sur le scénario sans le signer), et utilise toutes les ressources du Technicolo­r, ça flashe de couleurs dans tous les sens. Un dernier clin d’oeil : l’apparition de George Raft, bad boy célèbre, connu pour son expérience de gigolo et ses amitiés avec des voyous. En soixante ans, le film, assassiné à sa sortie, est devenu un classique. Avec raison.

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