L'Obs

MICMAC À MARSEILLE

- Propos recueillis par Anne Sogno Parachuté à Marseille, Alain Gardère n’a pas la tâche facile…

Avec “Bac Nord : la vraie histoire du scandale policier”, Linda Bendali revient pour l’émission “Affaires sensibles” sur un fait divers amplement médiatisé qui avait secoué la Police nationale et inspiré le scénario d’un polar français sorti l’été dernier au cinéma.

Le 3 octobre 2012, dixhuit policiers de la Brigade anti-criminalit­é (BAC) des quartiers Nord de Marseille sont placés en garde à vue après des perquisiti­ons à leurs domiciles et dans les locaux de leur unité. Ils y resteront quatre jours. Sept d’entre eux sont placés en détention provisoire, soupçonnés de corruption, racket, trafic de drogue et enrichisse­ment personnel. L’affaire fait grand bruit à l’époque : le procureur de Marseille parle de « gangrène », Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, dissout la BAC et les médias titrent sur les « ripoux marseillai­s »… Du jour au lendemain, cette jeune institutio­n policière, considérée comme la meilleure de France, est décimée. Jugée en première instance en avril 2021, l’affaire fait pschitt. Si le procès n’a débouché que sur quelques condamnati­ons à des peines de prison avec sursis et sur des relaxes, l’honneur des policiers reste durablemen­t entaché. Dans un contexte local compliqué où les rumeurs vont encore bon train, la journalist­e et réalisatri­ce Linda Bendali livre une enquête fouillée sur ce scandale qui fera date dans l’histoire de la police.

Vous rassemblez dans votre film la plupart des acteurs de ce sulfureux dossier, dont Alain Gardère, préfet au moment où l’affaire éclate, en 2012.

Linda Bendali. C’est la première fois qu’il accepte de parler ouvertemen­t pour expliquer son rôle. Un rôle très important puisque c’est lui qui a déclenché l’enquête de l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN), laquelle a mis les policiers sur écoute pendant des mois. On en connaissai­t les résultats mais, jusque-là, on ignorait le détail des inimitiés au sein de l’institutio­n et les conséquenc­es de cette guerre des chefs sur la suite de l’affaire.

Quel est le contexte politique de l’époque ?

En 2012, la BAC Nord est le fer de lance de la lutte contre la délinquanc­e à Marseille. En s’y rendant à plusieurs reprises entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a fait de la cité phocéenne la vitrine de sa politique en matière de sécurité intérieure. Mais à l’été 2011, le président s’inquiète : les chiffres de la criminalit­é ne sont pas bons et les vols à main armée ont augmenté de 40 %. Un mauvais bilan qui tombe au moment où démarre la campagne présidenti­elle et qui pourrait être une épine dans le pied du président-candidat. Neuf mois avant l’élection, il nomme Alain Gardère, l’un de ses fidèles, préfet délégué à la sécurité. Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur, se déplace en personne pour installer celui qui est chargé de remettre de l’ordre.

Il a pour mission de remettre les choses au carré rapidement mais il va se confronter aux têtes de la police locale. Il se retrouve face à Pascal Lalle, numéro un de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône. C’est l’affronteme­nt de deux tempéramen­ts, deux bords politiques et deux ambitions. A cela s’ajoute la personnali­té de Didier Cristini, directeur de l’IGPN. Cristini connaît bien Gardère mais ne s’entend pas très bien

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Sébastien Bennardo, ancien de la BAC Nord par qui le scandale a éclaté.
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