Double peine
C’est parti. La banque centrale américaine a donné le coup d’envoi du nouveau cycle de relèvement des taux d’intérêt en appliquant une première hausse de 0,25 %. Une série de six hausses supplémentaires est planifiée dans l’année. Voilà qui clarifie la situation. Pour le patron de la banque centrale américaine, Jerome Powell, la croissance américaine n’est pas seulement forte mais « trop forte » : « Too strong. » La reprise mondiale provoque une inflation galopante liée à la hausse des matières premières. Mais ce qui inquiète la Fed, c’est l’inflation de second tour. C’est-à-dire la hausse des prix liée à l’appréciation des salaires, car cet enchaînement – la fameuse « spirale prix-salaires » – ne se rompt pas facilement. Jerome Powell souhaiterait que les hausses de salaires demeurent modérées. Il a aussi précisé que les hausses de taux d’intérêt n’auront pas un effet immédiat sur l’inflation et qu’il va falloir vivre avec une inflation élevée pendant plusieurs mois. Une page se tourne. C’est bien la fin d’un cycle de croissance faible, de désinflation voire de déflation et de baisse continue des taux d’intérêt. Nous entrons dans une nouvelle ère, particulièrement périlleuse pour l’économie européenne touchée de plein fouet par la guerre en Ukraine. Le Vieux Continent risque d’éprouver une double peine : un ralentissement de la croissance et un dérapage de l’inflation. Les Etats-Unis, eux, paraissent renforcés par cette sombre perspective, d’où la progression spectaculaire du dollar.