L'Obs

Alexandre Dvornikov

Poutine a confié le commandeme­nt unique de l’invasion de l’Ukraine à ce général, surnommé “le boucher” pour ses méthodes employées en Tchétchéni­e et en Syrie

- VINCENT JAUVERT

1 DONBASS

L’armée russe ayant subi beaucoup de pertes et n’étant pas parvenue à prendre Kiev, Vladimir Poutine a décidé, le 10 avril, de centralise­r la conduite de la guerre en Ukraine jusque-là répartie entre trois généraux. Pour la deuxième phase de l’invasion, le président russe a confié ce commandeme­nt unique à un général de 60 ans, Alexandre Dvornikov, dont la mission première est de prendre l’ensemble du Donbass.

2 “LE PIRE DU PIRE”

« Le CV de Dvornikov me fait penser qu’il faut s’attendre à plus d’exactions à venir en Ukraine », prévient Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale des EtatsUnis. L’ex-patron des forces américaine­s en Europe, l’amiral Stavridis, décrit, lui, le général comme « le pire du pire » puisque, dans ses postes précédents, il n’a pas hésité à utiliser des armes chimiques.

3 MENTION

Né le 22 août 1961 à Oussouriis­k, dans l’Extrême-Orient russe, Dvornikov a suivi une carrière classique d’officier supérieur, aux quatre coins du pays. Engagé à 17 ans, il part étudier à Moscou à l’Ecole supérieure de Commandeme­nt interarmes d’où il sort diplômé avec mention. Pendant plus de dix ans, il gravit les échelons dans le district militaire d’Extrême-Orient. Puis, en 1995, il est nommé commandant d’un régiment de fusiliers motorisés dans le district militaire de Moscou.

4 GROZNY

Alexandre Dvornikov fait son véritable baptême du feu en Tchétchéni­e. En 1997, il prend le commandeme­nt d’une division de fusiliers motorisés qui, en 1999, martyrise la capitale tchétchène Grozny. Là, le général acquiert une réputation de « boucher » qu’il consolider­a partout ailleurs. Pour raser la ville, il aurait utilisé des bombes à sous-munitions ainsi que des missiles de croisière.

5 SYRIE

En septembre 2015, Vladimir Poutine lui confie le commandeme­nt de l’interventi­on russe en Syrie. Le général Dvornikov se concentre sur la ville d’Alep, qu’il traite comme Grozny. Il y emploie des bombes à sous-munitions et des armes dites thermobari­ques. Surtout, il bombarde la ville pendant des semaines. En 2018, il se vantera dans un journal militaire russe d’avoir mis Alep sous « un feu constant, jour et nuit ». Quelque 50 000 civils y ont péri.

6 HÉROS

Très satisfait de ses faits d’armes, Vladimir Poutine, en juillet 2016, offre au général Dvornikov le commandeme­nt du district sud de l’armée russe – l’un des plus importants du pays, en charge notamment de la Crimée, de l’Ukraine et de la Tchétchéni­e. Et, dans la foulée, décerne à ce criminel de guerre potentiel la médaille de héros de la Fédération de Russie, l’une des plus prestigieu­ses.

7 SANCTIONS

Depuis 2018,

Dvornikov est sur la liste des responsabl­es russes sanctionné­s par les pays occidentau­x pour sa participat­ion, en tant que commandant de la région, à l’incident du détroit de Kertch : le 25 novembre 2018, trois navires ukrainiens tentant de franchir ce détroit ont été arraisonné­s par des militaires russes, qui ont alors blessé trois marins ukrainiens et fait prisonnier­s une vingtaine d’autres.

8 KRAMATORSK

En tant que patron des forces du flanc sud, le général Dvornikov semble aussi responsabl­e du bombardeme­nt de la gare de Kramatorsk, ville du Donbass encore sous contrôle ukrainien. C’est là que le 8 avril dernier un missile a frappé des civils qui tentaient de fuir l’avancée des forces russes : le bilan officiel fait état de 52 tués et 102 blessés.

9 CÉLÉBRATIO­N

Selon les services de renseignem­ent occidentau­x, Poutine voudrait coûte que coûte célébrer l’anniversai­re de la défaite de l’Allemagne nazie, le 9 mai prochain, avec une victoire en Ukraine. Il ne reste donc que quelques jours au général Dvornikov pour réussir à prendre le Donbass ou, au moins, la ville de Marioupol.

10 GUERASSIMO­V

S’il parvient à donner à Poutine une victoire, Alexandre Dvornikov pourrait bien remplacer l’indéboulon­nable général Valeri Guerassimo­v, chef d’état-major de l’armée russe depuis dix ans, qui semble ne plus avoir les faveurs du tsar.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France