“GREENWASHING”
Ouvrage collectif. Seuil, 256 p., 19 euros
RSE, voiture propre… D’où vient ce sentiment de rage et de désespoir qui vous saisit devant les politiques qui promettent de l’écologie « pragmatique », « propre », à base d’hydrogène, ou devant les industriels qui mettent les « éco », des « green » et des « friendly » à toutes les sauces ? On le sait : le capitalisme phagocyte ses oppositions. Il récupère assez joyeusement la critique écologiste ; on appelle cela le « greenwashing ». Comment dissiper cet enfumage ? C’est ce que s’efforce de faire ce « manuel d’autodéfense » qui se présente comme un dictionnaire, allant d’« Agriculture » à « Villes durables » en passant par « Finance verte » et « Neutralité carbone »… Le greenwashing n’y est pas décrit comme un simple discours marketing, mais comme une manière de verrouiller l’avenir, et l’essence de notre système économique : occulter ses méfaits, anesthésier nos terreurs et même transformer la ruine en opportunité de business. Au bout du compte, il produirait une société « vert clair » où « le souci de l’environnement semble être à la fois partout et nulle part ». Publié dans la désormais célèbre collection « Anthropocène » du Seuil, ce livre fait appel à une trentaine de chercheurs et de journalistes proches de l’atelier d’écologie politique de Toulouse (Atécopol). Sa force réside dans l’attaque en règle de toutes les « illusions rassurantes », sa faiblesse est peut-être dans la brutalité de la charge : entre la fuite en avant technologique et l’espoir d’une bifurcation décroissante, peut-être y a-t-il un monde ?