L'Obs

Dans la tête de Nicolas Cage

UN TALENT EN OR MASSIF, PAR TOM GORMICAN. PASTICHE AMÉRICAIN, AVEC NICOLAS CAGE, PEDRO PASCAL, TIFFANY HADDISH (1H45).

- FRANÇOIS FORESTIER

Haut la main, voici le film le plus frappading­ue de la saison (et peut-être même de la période électorale, c’est dire). Le talent du titre, c’est celui de Nicolas Cage, acteur survolté, cabot confirmé, star fauchée. Dans le film de Tom Gormican, il traverse au pas de course un scénario sans doute écrit sous LSD sur un coin de nappe au Starbucks local, mais qui vaut son pesant de gaz hilarant : Nicolas Cage (dans le film) est un comédien hyperendet­té, méprisé par sa fille (elle lui reproche de lui imposer systématiq­uement la vision du « Cabinet du Dr Caligari », qu’elle trouve ringard), délaissé par son ex (qui en a marre de ses caprices), chahuté par son agent (qui lui propose des projets minables). Javi, un riche cultivateu­r d’olives, lui propose un million de dollars pour venir animer une soirée à Majorque. Nicolas Cage (le faux) trouve l’idée fucking débile, mais y va. Or, il se trouve que le magnat est un trafiquant d’armes surveillé par la CIA qui rêve de faire du cinéma. De plus, Javi aurait enlevé la fille d’un homme politique, détenue dans la propriété de Majorque, et vénère Nicolas Cage (le vrai), celui de « Volte/Face ». Vous me suivez ? Je reprends : Javi partage avec son idole la certitude que « Paddington 2 », histoire d’un ours heureux, est un chef-d’oeuvre (faut être bourré pour penser ça, mais bon). Evidemment, des méchants se mêlent de l’affaire, et on a droit à une poursuite en voiture sous psychotrop­es (dans la fiction, quoique...), un duel de flingues à côté duquel Jason Bourne est un nain paralytiqu­e, et des réflexions profondes sur le fucking métier. Vu que Nicolas Cage (le vrai et le faux) a connu son heure de gloire avec «Sailor et Lula» et «Leaving Las Vegas» dans les années 1990 et, depuis trente ans, crapahute dans des sousproduc­tions vidéo genre « Kick-Ass » ou « Jiu Jitsu » (des trucs sans doute vus par Tarantino, mais par personne d’autre), l’idée de jouer son propre rôle face à lui-même (car il y a un avatar fantôme de Cage, affublé d’une perruque de hooligan) est franchemen­t jouissive. On est quelque part entre « Dans la tête de John Malkovich » et « Grosse fatigue », de Michel Blanc, mais sur le mode percuté grave. Bien dans l’esprit de Nicolas Cage : il a acheté la Lamborghin­i du Shah, collection­ne les crânes humains et possède une Vénus de Milo (mais la sienne a des bras).

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