L'Obs

UN CINÉASTE À PART COMANCHE STATION

Western américain de Budd Boetticher (1960). Avec Randolph Scott, Nancy Gates, Claude Akins. 1h10.

- FRANÇOIS FORESTIER

En 1960, Budd Boetticher (1916-2001) est un réalisateu­r au sommet de sa carrière. Depuis une dizaine d’années, il est considéré comme un spécialist­e du western (en fait, il n’y connaît rien, répétant à l’envi : « Le Far West, c’est quoi ? ») mais, à force de signer des films de genre, il est le cinéaste qu’on engage pour travailler dans les délais, sans dépassemen­t de budget et sans ennuis. « Comanche Station » est le dernier film d’une série de sept westerns, tous sur le même modèle : produites et jouées par Randolph Scott (photo), ces séries B sont concoctées par Burt Kennedy, scénariste de la société Ranown (qui appartient à Scott). De « Sept Hommes à abattre » (1956) à « Comanche Station » (1960), en passant par « l’Homme de l’Arizona » (1957) et « la Chevauchée de la vengeance » (1959), c’est le même module, Randolph Scott jouant le vengeur, le justicier, le redresseur de torts. Rien de très original, mais ce qui fait le charme de la série, c’est la modestie des moyens et le dynamisme de l’action (les films font rarement plus de 80 minutes). Dans « Comanche Station », le héros se rend chez les Peaux-Rouges pour racheter une femme blanche kidnappée. Affaire faite, il rencontre sur son chemin des malandrins (dont Claude Akins, spécialisé dans les rôles de salauds ricanants) qui veulent empocher la prime promise par le mari de la victime. La route va être longue… Boetticher, redécouver­t dans les années 1970 par les cinéphiles, est un cinéaste résolument à part : non seulement il a débuté dans les bas-fonds de l’usine hollywoodi­enne en faisant tous les métiers (assistant, monteur, cadreur, grouillot), mais il a fini comme sous-fifre (il sera réduit à la fonction de rempailleu­r de scénarios et tombera dans une quasi-misère avec sa cinquième épouse). Entre-temps, il a signé quelques films mémorables, dont « les Conducteur­s du diable » (1952) et « la Chute d’un caïd » (1960), et a tout sacrifié à sa passion, la tauromachi­e. Son film consacré à la star des toréadors, « Arruza » (1972), a été une catastroph­e – Boetticher a mis dix ans à le finir – et a englouti toute sa fortune.

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