RENGAINE OBSCÈNE PPDA, LA CHUTE D’UN INTOUCHABLE
Complément d’enquête, présenté par Tristan Waleckx (2022). 1h10.
De l’affaire PPDA, que raconter de plus que la souffrance et l’humiliation de ses victimes présumées, le rituel des agressions, toujours le même, décrit avec force précision au fil des témoignages, ou la complaisance coupable d’une direction dont on devine qu’elle fermait les yeux dès lors que son présentateur vedette abusait de sa position ? C’est la question que pose ce numéro de « Complément d’enquête » sans toujours y répondre. Il faut dire que le défi d’alimenter en scoops ce sinistre feuilleton, après la kyrielle de révélations publiées l’année dernière par « le Parisien », « Libération » et Mediapart, était immense, presque impossible. On ne jette pas la pierre au journaliste Romain Verley qui s’est chargé de cet exercice délicat, tout aussi nécessaire que les précédentes investigations de ses confrères de la presse écrite, mais sans doute plus difficile à boucler, tant son travail donne le sentiment de se dérouler sur un terrain balisé – et doublement verrouillé. Une séquence résume ce chemin de croix journalistique : Verley filme un appel téléphonique passé à Robert Namias, ancien supérieur hiérarchique de PPDA à TF1, pour sonder ce qu’il savait des moeurs sexuelles de son puissant subordonné. En vieux renard, Namias se claquemure dans le silence, conscient du moment de télé qui se joue à l’autre bout du fil : « Que voulez-vous ? Filmer mon refus de vous parler et que je vous raccroche au nez ? » Il ne livrera rien de plus que cet agacement semi-contrôlé. Il n’empêche. Non content de recenser avec efficacité les zones d’ombre de la carrière de « Poivre » (du buste en plâtre à son effigie qu’il posait sur son bureau à Antenne 2 aux affaires de bidonnages, de corruptions et de plagiat qui ont émaillé son règne à TF1), Romain Verley réussit surtout l’essentiel : faire témoigner une nouvelle victime présumée, une ancienne stagiaire de Radio Classique qui, restée anonyme, dénonce à son tour les mains baladeuses, la drague agressive, suffocante et répétée, les propositions indécentes. Des faits non prescrits, au contraire des 17 plaintes enregistrées pour l’instant contre l’ex-vache sacrée du PAF, bien que la jeune femme ne consente pas pour le moment à porter l’affaire devant les tribunaux.