LA DROITE PEUT-ELLE TENIR ?
Entre les conservateurs, sensibles aux sirènes de l’extrême droite, et les tenants d’une ligne plus modérée, voire d’un accord avec Emmanuel Macron, rien ne va plus chez Les Républicains, au lendemain d’une présidentielle dont ils sont sortis laminés, avec moins de 5 % des voix. Loin d’être au resserrement des troupes et à l’inventaire, l’atmosphère était plutôt aux défections et aux rumeurs de ralliements possibles dans les heures qui ont suivi la victoire du président sortant. Au QG rue de Vaugirard, le patron du parti, Christian Jacob, a convoqué en urgence un bureau politique dès le lendemain, puis un comité stratégique, répétant que ses troupes ne sauraient se fondre
« ni dans le macronisme ni dans le lepénisme ».
Sur 100 députés sortants, seuls 80 envisagent de se représenter en juin prochain. Et une trentaine de ralliements chez Macron ou à l’extrême droite sont possibles, calculent les stratèges de LR, qui veulent à tout prix éviter l’hémorragie.
« Avant de nous refonder, il faudra consolider notre socle aux législatives »,
observe le secrétaire général du parti, Aurélien Pradié, à qui l’on prête l’intention de reprendre le mouvement. Cette bataille pour la présidence du mouvement est déjà officieusement lancée. Sur les rangs également, le souverainiste Julien Aubert, député du Vaucluse, sur une ligne musclée. Ou la maire du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, selon laquelle il faut d’urgence afficher clairement ce qui différencie LR d’une Le Pen ou d’un Zemmour, partisan d’une union de toutes les droites. Ce n’est pas tout de garder les élus à bord du vaisseau : encore faut-il s’assurer de la loyauté des électeurs. Pour « ne plus brouiller la ligne », un autre jeune député, Raphaël Schellenberger, a demandé en réunion de groupe s’il était envisageable de limiter l’accès aux plateaux de télévision aux seuls candidats aux législatives. Et pas aux anciens ténors, Copé, Morano ou Hortefeux, exprimant chacun leurs avis. Une demande retoquée, à en croire le « casting » des élus LR lors de la soirée électorale du second tour.