Deux hommes et un couffin

Jacky Durand offre à une petite bande de personnages atypiques… un bébé abandonné PLUS ON EST DE FOUS PLUS ON S’AIME, PAR JACKY DURAND, STOCK, 200 P., 19,50 EUROS.

Ses pérégrinations dans les campagnes françaises à la recherche de bistrots et de produits du terroir pour nourrir ses chroniques dans « Libé » ont donné à Jacky Durand le goût des autres, qu’il partage aussi généreusement que ses recettes. Dans son premier roman, un fils décidait de reprendre le restaurant de son père disparu, qui avait tout fait pour l’éloigner de l’exigeant métier de cuisinier. Durand nous ramène sur la route de la Bourgogne. Roger, un ancien taulard tombé pour braquage de fourgons blindés, et Joseph, avocat d’affaires dans une autre vie, viennent de livrer à Guy, chef étoilé dans un palace parisien, des champignons et autres délices de leur potager. En faisant une halte sur une aire d’autoroute, ils découvrent un bébé dans un couffin. Ni une ni deux, les deux amis décident de le ramener dans la maison forestière spartiate où ils ont élu domicile. Après les drames que les deux hommes ont traversés, cet enfant abandonné est une bénédiction. Leur vie s’organise autour du bébé et toute la petite bande qui les entoure s’y met. « Karl Marx », le psychiatre qui soigne les âmes à sa manière, insiste sur la nécessité de donner un nom à l’enfant. Baptisé Moïse à l’unanimité, il va falloir lui obtenir des papiers, fussent-ils forgés par un ancien camarade de cellule de Roger. Et Julie, sa fille, étudiante en médecine, fera une très bonne mère. Mais le passé de Roger resurgit. Le Boiteux, un malfrat que des amis de Roger avaient autrefois bastonné, est revenu dans le coin et cherche à se venger. Moïse est enlevé. On se gardera de révéler la suite pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur. Jacky Durand est un fabuleux conteur qui, dans un style sans prétention, empreint de tendresse pour ceux qui préfèrent la marge au droit chemin, redonne foi en l’humanité.