Quand Macron se lâche
Si Emmanuel Macron est coutumier des petites phrases polémiques lâchées en public, il n’est pas non plus avare de mots plus aigres que doux en privé. Mais ces saillies ne passent que très rarement les murs de l’Elysée. Dans le livre « Résurrection », à paraître le 11 mai aux éditions Stock, la journaliste Saveria Rojek rapporte pourtant de nombreux propos prêtés au président réélu, au cours de sa campagne victorieuse, qui ne manqueront pas de faire réagir. Faut-il valoriser le soutien de Jean-Louis Borloo ? Réponse lapidaire du chef de l’Etat : « Non, Borloo, c’est un type qui surinfecte les plaies, on ne le met pas en avant. » L’affaire des cabinets de conseil mine sa candidature ? Il charge la défense organisée par son gouvernement: « Sur McKinsey, on est mauvais comme des cochons, les enfants ! » La presse souligne son refus de débattre avec les autres candidats ? Il dégaine un contre-feu: « Le risque, c’est qu’on dise que le mec se planque. La meilleure réponse à ces critiques, c’est de faire une conférence de presse, se farcir deux heures avec les journalistes, et là, on leur fait la totale. De 16 à 18 heures, je me tape toutes les questions de la terre. » Le livre débusque aussi le double discours du candidat. Alors qu’Emmanuel Macron n’a pas cessé de tenter de re-diaboliser Marine Le Pen, il admet en petit comité à l’issue du débat de l’entre-deux-tours: « Quand on a parlé du voile, j’ai vu dans ses yeux qu’elle ne croyait pas ce qu’elle disait, qu’elle était enfermée dans son système familial, politique. » Enfin, que serait une campagne sans clientélisme ? Même le chef de l’Etat n’y échappe pas. Après le dîner de lancement de la Saison France-Portugal, fin janvier, il s’écrie: « On va se mettre tous les concierges de Paris dans la poche ! » De même, à propos du président de la Fédération nationale des Chasseurs : « Bon, et Willy Schraen, on l’a bien turluté ? » Fleuri.