Le roi vert
Le dollar continue son envolée spectaculaire : face aux monnaies émergentes, croulant sous le poids de l’inflation et des hausses de taux, et face aux devises des pays développés. Le US Dollar Index, qui mesure la hausse du dollar vis-à-vis des principales monnaies, est au plus haut depuis vingt ans, en progression de 8 % depuis janvier. L’euro est même passé en dessous de 1,05 dollar, son plus bas niveau depuis cinq ans. Un sondage auprès des managers des réserves des banques centrales mondiales est sans appel : 59 % considèrent le dollar comme la meilleure valeur refuge. Pourtant cela fait des décennies qu’on nous explique que l’hégémonie du dollar est terminée… Selon le FMI, plus de 50 % des réserves des banques centrales sont encore libellées en dollar. Pourquoi, demande-ton aux responsables ? Réponse : « There is no alternative. » Bien sûr, ce n’est pas tout à fait juste car l’euro et le yuan ont émergé. Mais pas suffisamment. Si le dollar est aussi puissant, c’est que, contre toutes les prévisions, les Etats-Unis sortent renforcés des dernières crises, même celle de la guerre en Ukraine : ils ont affaibli la Russie durablement et fait rentrer l’ensemble de l’Europe sous leur parapluie militaire, recréant un « bloc » Etats-Unis-Europe, sous leur commandement militaire… mais aussi énergétique. Rappelons que les Etats-Unis sont exportateurs d’énergie, et s’apprêtent à vendre de plus en plus de gaz aux Européens. Pour finir, ajoutez à cela l’atout du plein-emploi, et vous comprenez mieux le plébiscite du billet vert.