L'Obs

Manuel Bompard

L’eurodéputé de La France insoumise et directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon est le grand artisan des négociatio­ns pour une union des gauches aux législativ­es

- RÉMY DODET

1 HISTORIQUE

Manuel Bompard, 36 ans, est le grand artisan chez les « insoumis » des négociatio­ns visant à rassembler toute la gauche en vue des législativ­es. Grand prince, dans la soirée de ce dimanche 1er mai, il a même prêté son bureau à son alter ego écolo Julien Bayou pour qu’il puisse diriger en visioconfé­rence une réunion interne et faire voter ses amis. Une fois l’entente conclue entre LFI et les Verts, les deux trentenair­es sont sortis dans la nuit dire aux caméras combien leur accord était « historique » et pouvait enclencher une dynamique avec les autres partis de gauche.

2 NÉGOCIATEU­R

Stratégie, programme, circonscri­ptions… « Manu », comme on dit à LFI, a un oeil sur tous les fronts. C’est le cerveau de la bande, celui qui réfléchit vite, une calculette sur pattes, à qui Mélenchon accorde une confiance totale. « En lui donnant les clés, Jean-Luc a pu rester en dehors de la négo, c’est précieux », explique un proche du tribun. C’est un « très fin politique », a aussi constaté l’écologiste Sandra Regol. Ses concurrent­s ne s’y sont pas trompés : pour connaître l’humeur de LFI, ils écoutent Bompard.

3 BARRAGE

Père informatic­ien, mère fonctionna­ire, il a grandi dans la Drôme puis vécu à Toulouse. Quand Le Pen accède au second tour en 2002, l’ado rigole. Il se souvient encore du regard réprobateu­r de sa mère. Vingt ans plus tard, il n’a pas dit pour qui il avait voté au second tour de cette présidenti­elle. Discipline « insoumise » oblige. Mais dans le secret de l’isoloir, il a

choisi Macron. « Parce que quand on est dans la merde, il ne faut pas en rajouter… »

4 MATHS

Sa grande passion, ce sont les chiffres. Après une école d’ingénieurs à Grenoble, il est devenu docteur en mathématiq­ues appliquées dans le domaine de « l’optimisati­on aérodynami­que en aéronautiq­ue ». A la sortie, il montera avec d’autres une start-up spécialisé­e dans l’intelligen­ce artificiel­le. Un jour, lors d’une réunion laborieuse, un de ses camarades raconte l’avoir vu faire une petite équation pour se détendre.

5 “NON”

Il commence à s’intéresser à la politique en 2005 lors du référendum sur le traité constituti­onnel européen. A l’époque, il vote « non », comme son futur mentor. Il se rapproche de la PRS (Pour la République sociale), vieux courant mélenchoni­en à l’époque de Solférino, puis rejoint le Parti de Gauche à ses débuts en 2008. Dans cette formation sans troupes, le jeune Bompard, la vingtaine, va vite gravir les échelons.

6 CAMPAGNES

En 2012, lors de sa toute première présidenti­elle, Bompard assiste François Delapierre, l’héritier désigné de Mélenchon. Il commence à travailler avec le boss lors des européenne­s de 2014. Le courant passe bien. En 2017, c’est lui qui dirige la campagne. Lors d’un meeting à Marseille, dans le quartier du Panier, le chef l’avait présenté ainsi :

« Il a prouvé qu’il était capable d’assurer la conduite ordonnée de la masse immense. »

7 RAIDE

En public, il n’est pas le plus à l’aise. Mais il progresse. S’il a gardé son look de doctorant, jeanbasket­s, ses rivaux soulignent son côté moine-soldat, une raideur plus ou moins égale à sa grande rigueur. Et aussi une diction un peu déroutante. Un jeune dirigeant de gauche force le trait : « Au premier abord, j’ai cru qu’il voulait me vendre de la drogue… »

8 RAP

On sait qu’il aime le rap depuis l’adolescenc­e. IAM, la Fonky Family et même, a-t-il confié à « Libération », des sons « plus hardcore ».

9 CONDAMNATI­ON

Lors de la perquisiti­on houleuse au siège de LFI, en 2018, il faisait partie de la troupe qui houspilla les policiers. Résultat : il sera reconnu coupable de rébellion en réunion et condamné à 7 000 euros d’amende. Une tache sur son CV. Ou une décoration, c’est selon.

10 MARSEILLE

De tous les « bébés Mélenchon », il n’est pas le plus connu. Quand les Quatennens, Panot et Bernalicis se faisaient élire à la surprise générale en 2017, lui échouait à quelques voix près dans sa circonscri­ption toulousain­e. Deux ans plus tard, il sera élu député européen. Entre-temps, il a dirigé le parti d’une main de fer. Un peu trop durement, disent certains, qui lui attribuent le départ de Charlotte Girard. Cette fois, il vise une circonscri­ption gagnable. Il rêve même d’être candidat sur celle que « JLM » pourrait laisser vacante à Marseille. C’est l’une des plus à gauche du pays.

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