Vive Mocky !
RÉTROSPECTIVE JEAN-PIERRE MOCKY : NEUF FILMS.
Disparu en 2019, à 90 ans, Jean-Pierre Mocky a eu le temps de signer une centaine de films, cinéma et télé, et a marqué le paysage français d’une empreinte bizarre, quelque part entre dinguerie revendiquée et surréalisme aigre. Incontestablement, la griffe Mocky existe. De son premier film, « la Tête contre les murs » (1958), signé Georges Franju, à son vingt-septième, «Agent trouble» (1987), bonne idée de ressortir neuf titres restaurés. « Les Dragueurs » (1959), comédie reflet parfait d’une époque, rassemble Jacques Charrier, Charles Aznavour, et une pléiade de filles craquantes (Dany Robin, Dany Carrel, Estella Blain, Anouk Aimée, Belinda Lee). « Un drôle de paroissien » (1963) est un film poilant, joué par Bourvil et Francis Blanche (respectivement pilleur de troncs et flic).
« Solo » (1969) est un enfant de Mai-68, polar libertaire joué par Mocky lui-même (photo). La surprise du « Témoin » (1978), c’est de voir l’immense Alberto Sordi en restaurateur de tableaux soupçonné de pédophilie. A partir d’« A mort l’arbitre » (1984), c’est le new Mocky : un pamphlétaire grinçant, qui se moque d’un groupe de supporters de foot (très cons). Dans cette rétrospective, citons aussi : « la Cité de l’indicible peur » (1964) et « Litan » (1982), dans la veine fantastique. Cinéaste fantasque, volontiers trublion, prétendu père de dix-sept enfants, jamais à court d’une déclaration à l’emporte-pièce, inclassable (il a touché à tous les genres), Mocky est unique : c’est le monsieur poil à gratter du cinéma français.