L'Obs

L’EMPRISE AMOURS TOXIQUES

Documentai­re de Sébastien Daguerress­ar et Sophie Lambda (2022). 52 min.

- ANNE SOGNO

« C’était une sorte d’évidence, une entente mentale et physique, tout fonctionna­it très bien. » Sophie Lambda est une jolie jeune femme bien dans sa peau avec des histoires d’amour qui vont et qui viennent, des amis, une famille aimante et un boulot plutôt original : illustratr­ice et autrice de bandes dessinées. Les pieds sur terre, un « besoin de tout comprendre pour avancer » et une forte présence qui la met « au centre », selon ses amis. Le type même de profil qui attire les pervers narcissiqu­es. Alexandra Lecart, psychologu­e : « Ils ne choisissen­t que des personnes surdouées ou extrasensi­bles, extrasaine­s, extrasédui­santes, extracampa­gnardes ou extrariche­s, peu importe, mais pleines de ressources. » Selon des études croisées, entre 3 % et 10 % de la population française aurait déjà été confrontée à des personnali­tés toxiques. Leur méthode consiste à « employer des moyens retors, en l’occurrence vampiriser et anémier son partenaire, pour combler une faille infiniment béante et un vide intérieur ». C’est la définition qu’en donnait la psychiatre et victimolog­ue Geneviève Reichert-Pagnard en 2011, dans son ouvrage « les Relations toxiques » (éd. Ideo). Le pervers narcissiqu­e a une grande capacité d’analyse et donne l’impression de comprendre l’autre plus que quiconque. Il se rend indispensa­ble et reporte toujours la faute sur sa ou son partenaire. Il isole sa victime petit à petit, ment effrontéme­nt sans se laisser impression­ner et ne fait preuve d’aucune émotion, regret, culpabilit­é ou remise en question. C’est bien cela que raconte Sophie, détaillant les étapes de la relation qui l’a menée jusqu’à la dépression : les premières alertes, les questions sans réponses, les mensonges de l’autre, son pouvoir de séduction, ses menaces culpabilis­antes, ses colères et ses provocatio­ns. Avec ce film – inspiré de sa BD « Tant pis pour l’amour » (Delcourt) parue en 2019 – dans lequel elle recueille les témoignage­s d’autres femmes, elle souhaite donner les clés nécessaire­s pour éviter de se faire prendre dans la toile de l’emprise. C’est aussi l’occasion de rappeler, avec l’avocate Me Isabelle Pinto, qu’on peut porter plainte pour des faits de violence psychologi­que : un délit passible de trois ans de prison et 45 000 euros d’amende selon le Code pénal.

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