Quatre exdirigeants de Lafarge assignés
C’est un acte de procédure inattendu qui surgit dans l’ombre de l’a aire Lafarge en Syrie. Selon nos informations, quatre ex-dirigeants du cimentier et un intermédiaire, déjà mis en examen pour financement du terrorisme par les juges, sont assignés le 16 juin, mais cette fois devant le tribunal de commerce de Paris et à l’initiative de leur ancienne société, c’est-à-dire Lafarge SA, et surtout sa maison mère depuis 2015, le groupe suisse Holcim. La nouvelle entité, avant même tout procès pénal, prend les devants pour demander la somme colossale de 100 millions d’euros à l’ancien PDG Bruno Lafont, aux ex-directeurs Bruno Pescheux, Frédéric Jolibois et Christian Herrault, ainsi qu’à l’intermédiaire Firas Tlass. Justification de cette note ? Il faut obtenir réparation du « préjudice de réputation », « préjudice moral lié à la dégradation du moral et du bien-être de ses salariés », « préjudice financier » lié à ses frais de défense devant les justices française et américaine… Cette procédure restera en sommeil dans l’attente de la fin de l’instruction que la cour d’appel de Paris a relancée en confirmant, le 18 mai, la mise en examen du groupe pour complicité de crimes contre l’humanité. A titre individuel, les dirigeants restent quant à eux visés pour financement du terrorisme. L’enjeu est donc clair. Le président d’Holcim, Beat Hess, ne l’a pas dissimulé lors d’une audition récente devant la justice. A ses yeux, la bataille à venir sera de montrer « la di érence entre la responsabilité de ces personnes et la société qui en est tenue pour responsable ».