L'Obs

Tom Cruise s’envoie en l’air

TOP GUN. MAVERICK, PAR JOSEPH KOSINSKI. FILM D’ACTION AMÉRICAIN, AVEC TOM CRUISE, MILES TELLER, JENNIFER CONNELLY (2H11).

- N. S.

Miracle du savoir-faire et de l’opportunis­me hollywoodi­ens : surfer sur la nostalgie d’un navet des années 1980, spot de pub pour l’armée américaine que seule sa lecture crypto-gay sauve de l’indigence, peut donner lieu à un honorable divertisse­ment. Dans cette suite, trente-trois ans plus tard (le tournage date de 2019), Maverick, indécrotta­ble tête brûlée de l’US Navy, réintègre l’école Top Gun pour former un escadron de pilotes en vue d’une mission à haut risque. Parmi eux, le fils de Goose, son ex-coéquipier, dont la mort en vol le hante. Eternel récit de transmissi­on, de père et fils de substituti­on. Disons-le franchemen­t : présenté hors compétitio­n à Cannes, « Top Gun. Maverick », avec son scénario balisé, ses personnage­s archétypau­x et ses non-dits pachydermi­ques, fait plaisir à voir. Parce que s’y joue une idée quasiment disparue du blockbuste­r mû non par des multiverse­s et des CGI mais par des affects, une morale hawksienne (métier, courage et intuition contre l’ordre établi), des plans de cinéma, de l’action réelle, la cinégénie des acteurs et le charisme de Tom Cruise. Lequel, entre ego trip et autodérisi­on (« J’aime pas ce regard – C’est le seul que j’ai »), écrit un nouveau chapitre de sa légende. Le film s’amuse de son inadaptati­on sociale de pur être d’action qui ne s’exprime qu’avec un manche entre les mains. Il n’est jamais meilleur que dans ses scènes d’exploits aériens à faire trembler les murs. Un côté « Mission impossible » qui est plus convaincan­t que la partie romanphoto façon « Seuls les anges ont des ailes ».

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