TOUT SUR LA MÔME PIAF, SANS AMOUR, ON N’EST RIEN DU TOUT
Documentaire de Marianne Lamour (2003). 1h00.
22h50 ARTE
Disons-le d’entrée de jeu : la réalisation de ce documentaire signé Marianne Lamour en 2003 date un peu. Il n’empêche : illustré de précieuses archives, il dessine un portrait majeur de l’immuable incarnation de la chanson populaire et de l’amour, dont le mythe, plus d’un demi-siècle après sa mort en 1963, est toujours intact. Le film revient d’abord sur l’enfance d’Edith Gassion dans le 20e arrondissement de Paris – si une plaque entretient la légende de sa naissance sur les marches du 72, rue de Belleville, elle serait en réalité née à l’hôpital Tenon, à quelques encablures. Fille de Line Marsa, une chanteuse de café-concert qui l’abandonne très jeune, elle accompagne son père, contorsionniste, dans ses numéros itinérants, révélant sa voix exceptionnelle. Dès l’âge de 15 ans, elle bouleverse les passants en chantant pour quelques sous dans les rues de la capitale avec sa fidèle amie Simone Berteaut, alias « Momone », dont l’inénarrable gouaille exhale l’atmosphère du Paris popu de l’époque. En 1935, Louis Leplée, patron d’un cabaret de Montmartre, propose à Edith de se produire sur scène. En raison de sa frêle silhouette, il la surnomme « la môme Piaf ». Il suffira d’une semaine pour que cette gosse en guenilles devienne la révélation de l’année… Foisonnant de détails et d’images en super-8 qui révèlent une Piaf facétieuse, épanouie, chef de bande, le documentaire passe en revue le riche entourage de l’interprète de « la Vie en rose » : Raymond Asso, le parolier des débuts, Marguerite Monnot, la compositrice attitrée, Jean Cocteau, l’ami inséparable (qui mourra quelques heures après Piaf), les Compagnons de la Chanson avec qui elle part en tournée aux Etats-Unis. Et puis il y a les hommes qui ont traversé sa vie, de Paul Meurisse à Théo Sarapo, d’Yves Montand à Georges Moustaki. Et, surtout, l’irremplaçable Marcel Cerdan dont elle fut éperdument amoureuse et qui disparut dans un crash aérien en 1949, la laissant dans un immense chagrin. Autant de voix qui insistent sur l’évidence du lien qui noue l’artiste à son oeuvre : une passion sincère et débordante.