L'Obs

Sur le pont d’Avignon

Du 7 au 26 juillet, on y découvrira Tchekhov par Serebrenni­kov, mais aussi Shakespear­e et les frères Grimm, Olivier Py et Tiago Rodrigues, Maria Casarès et Gérard Philipe. Suivez le guide…

- Par JACQUES NERSON

LE CHANT DU CYGNE D’OLIVIER PY…

Dernier Festival d’Avignon programmé par Olivier Py qui le dirigeait depuis 2013. Il y présente « Ma jeunesse exaltée » 1 (Gymnase du lycée Aubanel, 14 heures, du 8 au 15 juillet), « une pièce de transmissi­on », « un passage de relais », qui dure dix heures ! Elle se jouera là où, voici vingt-sept ans, s’était jouée « la Servante », le spectacle qui l’a lancé et qui durait vingt-quatre heures. Le même Olivier Py, depuis trente ans, revêt pour chanter les robes de Miss Knife, son alter ego féminin. Le travestism­e ne fait plus scandale : « Aujourd’hui, c’est en famille que l’on vient voir Miss Knife et cela me procure beaucoup de joie. » Pour clore son dernier festival, Miss Knife donnera un unique récital à l’Opéra Grand Avignon, le 26 juillet, en compagnie du groupe ukrainien des Dakh Daughters et la Béninoise Angélique Kidjo.

… ET TIAGO RODRIGUES DÉJÀ SUR PLACE

Tiago Rodrigues deviendra le nouveau directeur du Festival d’Avignon aussitôt celui-ci terminé. Les festivalie­rs l’avaient découvert avec « António e Cleópatra » en 2015, puis avec « Sopro » en 2017, et il avait monté l’été dernier dans la Cour d’Honneur « la Cerisaie », de Tchekhov, avec Isabelle Huppert. Cette année, c’est en tant qu’auteur qu’il sera présent. La metteure en scène Anne Théron a bâti son spectacle à partir d’un texte de lui : « Iphigénie » 2 (Opéra Grand Avignon, du 7 au 13 juillet).

SEREBRENNI­KOV EN OUVERTURE

Le spectacle qui se joue le premier soir dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes ouvre le festival. C’est au Russe Kirill Serebrenni­kov, dont le film « la Femme de Tchaïkovsk­i » faisait déjà l’ouverture du dernier Festival de Cannes, que revient cet honneur. Il présente une adaptation de la nouvelle fantastiqu­e de Tchekhov, « le Moine noir » 3 (Cour d’Honneur du Palais des Papes, du 7 au 15 juillet), jouée en allemand, en anglais et en russe, mais surtitrée en français et en anglais. La présence de ce contestata­ire, fils d’un père d’origine juive et d’une mère

ukrainienn­e, à qui ses prises de position en faveur de la démocratie ou des LGBT ont valu bien des démêlés avec les autorités russes, fait figure de symbole.

ÉTERNEL SHAKESPEAR­E

Jean Vilar se moquait des programmat­eurs de festivals qui, par manque d’idées, décident de jouer une pièce de Shakespear­e. Cela ne l’a pas empêché de monter « la Tragédie du roi Richard II », « Henry IV », « Macbeth » et « le Songe d’une nuit d’été ». On n’échappe pas au grand Will. Cet été, ses fidèles auront droit à « Richard II » 4 monté par Christophe Rauck (Gymnase du lycée Aubanel, du 20 au 26 juillet). Le nouveau directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers est familier des grandes fresques shakespear­iennes. Dans la distributi­on, Micha Lescot et Cécile Garcia-Fogel. Autre Shakespear­e, mais en italien surtitré en français, « la Tempesta » (« la Tempête »), mise en scène par le directeur de la compagnie TeatroPers­ona, Alessandro Serra (Opéra Grand Avignon, Du 17 au 23 juillet).

CONTES POUR LES ENFANTS

Certains festivalie­rs emmenant leurs enfants à Avignon, deux spectacles leur sont destinés. Igor Mendjisky propose une libre adaptation du conte des frères Grimm dans lequel deux enfants affamés, perdus dans la forêt, salivent devant la maison en pain d’épice d’une sorcière cannibale (« Gretel, Hansel et les autres » 5 , Chapelle des Pénitents blancs, du 8 au 11 juillet, à partir de 7 ans). Dans le même lieu, un autre conte pour enfants, « le Petit Chaperon rouge », mais la compagnie Das Plateau a préféré s’inspirer de la version des frères Grimm, plus optimiste que celle de Perrault. Ici le loup dévore la grand-mère mais, avec l’aide d’un chasseur, la petite fille parvient à la délivrer. (Du 15 au 18 juillet, à partir de 4 ans).

TREIZE HEURES : QUI DIT MIEUX ?

Mis à part « Ma jeunesse exaltée », d’Olivier Py, la plupart des spectacles du festival ont des durées raisonnabl­es. Une exception : l’intégrale du « Nid de cendres » 6 , de Simon Falguières, qui devrait durer treize heures, entracte compris (La Fabrica, du 9 au 16 juillet). « Un défi dont seuls quelques intrépides rêvent encore : un spectacle fleuve », annonce le programme. Le texte est publié chez Actes Sud Papiers.

MARIA CASARÈS ET GÉRARD PHILIPE AURAIENT 100 ANS

A la Maison Jean-Vilar, deux lectures autour du 100e anniversai­re de la naissance, en 1922, de Gérard Philipe et de Maria Casarès. La première, à base de lettres, de coupures de presse, d’archives et d’extraits de spectacles, tourne autour de ses relations avec Maria Casarès, qui fut sa partenaire dans la troupe du TNP (le 11 juillet à 11 heures, entrée libre). Seconde lecture, les lettres échangées entre Jean Vilar et Gérard Philipe. A noter que c’est sa fille, Anne-Marie Philipe, qui retracera avec Stanislas Nordey la magnifique amitié de deux grands artistes et citoyens (le 21 juillet, à 11 heures, entrée libre). La veille, le 20 juillet, à 18 heures, sera présenté au cinéma Utopia d’Avignon, « Gérard Philipe, le dernier hiver du Cid », le film de Patrick Jeudy d’après le roman de Jérôme Garcin (Folio), qui fut en sélection officielle de Cannes Classics au dernier Festival de Cannes.

Enfin, toujours à la Maison Jean-Vilar, une exposition est organisée pour mettre en parallèle les destins de Maria Casarès et de Gérard Philipe : « Infiniment, Maria Casarès, Gérard Philipe – Une évocation » 7 (Rens. : maisonjean­vilar.org)

DEUX ROMANCIERS AU FESTIVAL

« Dans ce jardin qu’on aimait » 8 (Grasset), de Pascal Quignard, est adapté par la comédienne et metteure en scène Marie Vialle. L’histoire d’un pasteur qui, désespéré par la mort de sa femme, entreprend de noter tout ce qu’il entend dans son jardin, les chants des oiseaux, les chuchotis de la pluie, mais rejette sa fille, coupable de trop ressembler à la disparue. (Cloître des Célestins, du 9 au 16 juillet). De son côté, Elise Vigier s’est associée à la romancière Agnès Desarthe pour monter un texte original inspiré des « Nouvelles fantastiqu­es », de la Franco-Cubaine Anaïs Nin. (Théâtre Benoît-XII, du 9 au 16 juillet).

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