L'Obs

Le phénix helvétique

LE PLUS LÉGER AU MONDE, PAR STEPHAN EICHER (POLYDOR).

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Stephan Eicher n’en finit pas de renaître. Piqûre de rappel : le chanteur a vécu un long procès avec sa maison de disques : sept ans de bras de fer. Le différend réglé, il reprend goût à la chanson, ne cesse de produire, heureux comme un évadé. Rien que pour cette année 2022, il aura sorti un EP en mars, il en dévoile un autre en juin, et on attend son album pour l’automne. En mars, c’était « Autour de ton cou », des chansons qui semblaient passer une tête prudente au-dehors après des mois de confinemen­t. Accompagné au piano par le Hollandais Reyn Ouwehand, il interpréta­it des morceaux anxieux, des textes sombres, de ceux qui serrent la gorge. « Sans contact », une chanson en deux actes, parlait d’ennui profond, d’êtres au bord de la folie, de « nos corps sans vie, nos horizons détruits ». Le tout avec l’énergie musicale qu’on lui connaît, et la fougue que son chant contient à peine.

Le deuxième EP est baigné de cette lumière pointant alors que les journées sont longues. Il s’ouvre avec la chanson « Le plus léger au monde », adaptation d’un titre allemand (« Das Leichteste der Welt »), qui évoque la convalesce­nce, la guérison, le fait de se relever après la maladie. Eicher en fait un hymne à la légèreté. Il reprend une rengaine d’Endo Anaconda – disparu en février dernier –, chante ses écrivains fétiches : Philippe Djian, auteur historique, qui livre une chanson d’amour au premier degré (« Doux Dos »), tandis que Martin Suter évoque dans « Lieblingsl­aebe » nos vies rêvées. Il faudrait, régulièrem­ent, (re)faire un tour dans le monde stimulant de Stephan Eicher – même si l’on n’est pas toujours fou de rock suisse-allemand. SOPHIE DELASSEIN

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