L'Obs

La dette française a-t-elle atteint une “cote d’alerte” ?

“Le Covid-19 a bon dos !”

- OLIVIER MARLEIX Député d’Eure-et-Loir et président du groupe LR à l’Assemblée nationale A.G.

La « cote d’alerte » est atteinte en matière de dette, a dit le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire. Qu’en pensez-vous ?

Quel aveu ! Il semble que ce gouverneme­nt réalise la gravité de la situation de nos finances publiques, alors que, depuis cinq ans, il n’a cessé de mettre cette question sous le tapis. Le « quoi qu’il en coûte » a été une idée séduisante, comme l’est la notion de « dette perpétuell­e ». Tout le monde a voulu y croire, mais il fallait être naïf pour penser que cette configurat­ion allait durer. Il n’y a pas d’argent magique. La Banque centrale européenne ne rachète plus notre dette depuis le mois de juin, et les taux d’intérêt de la dette à 10 ans, qui étaient négatifs, sont montés jusqu’à presque 2,4 % pour la France. Soit plus de 80 milliards d’euros de charges de la dette en plus. L’heure exige un peu de sérieux.

La situation exceptionn­elle qu’a constituée la pandémie n’expliquet-elle pas l’endettemen­t de ces dernières années ?

Le Covid-19 a bon dos ! Au début de son premier quinquenna­t, bien avant que la pandémie ne démarre, Emmanuel Macron aurait pu, comme la plupart des dirigeants européens, en profiter pour réduire la dette. Il ne l’a pas fait, préférant augmenter les dépenses publiques dans des proportion­s très importante­s, supérieure­s mêmes à celles de son prédécesse­ur, François Hollande. Et puis, disons-le : après la crise pandémique, il s’est livré à des annonces électorali­stes inconsidér­ées, chiffrées à 57 milliards d’euros [par l’institut Montaigne]. Ce gouverneme­nt doit donc aujourd’hui lutter contre les fraudes sociale et fiscale, réduire le nombre de fonctionna­ires dans les administra­tions centrales et cesser de recourir à des cabinets d’experts aux tarifs prohibitif­s qui, par leurs contrôles, déresponsa­bilisent tout le monde.

En même temps, vous appelez ce gouverneme­nt à baisser la TVA pour plafonner le litre de carburant à 1,50 euro. Ce n’est pas le meilleur moyen d’alléger la dette…

On ne peut pas accepter une politique qui consiste à taxer toujours plus par refus de mener les réformes structurel­les dont notre pays a besoin. Rendre 18 centimes par litre aux automobili­stes quand la TVA et la TICPE [taxe sur les carburants] confisquen­t plus de 1 euro, ce n’est pas honnête. Et puis, surtout, qui est concerné par ces taxes ? Des gens des classes moyennes, obligés de prendre leur véhicule pour se rendre à leur travail, parce qu’ils habitent parfois dans des zones reculées, non desservies par les transports en commun. Gonfler les recettes de l’Etat sur le dos de ces Français qui sont à la peine, ce n’est pas tolérable.

Propos recueillis par

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