L'Obs

Giorgia Meloni

A l’automne, la députée d’extrême droite pourrait devenir présidente du Conseil italien en succédant à Mario Draghi, qui assure l’intérim après sa démission

- NATHALIE FUNÈS

1 NUMÉRO 1

La patronne du mouvement souveraini­ste et post-fasciste Fratelli d’Italia (FdI), Frères d’Italie en français, caracole en tête des sondages, avec près de 24 % des intentions de vote, selon une enquête de l’institut SWG du 18 juillet… La coalition de droite, qui réunit les FdI, la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi, est bien partie pour remporter, le 25 septembre, les législativ­es anticipées, après dix-sept mois de règne de Mario Draghi. « Je sais et je veux gouverner », assure Giorgia Meloni.

2 OPPOSANTE

Elle est la seule à ne pas avoir rallié le gouverneme­nt d’union nationale de Draghi, qui rassemblai­t tout l’échiquier du Parlement italien, de la Ligue aux anti-systèmes du Mouvement 5 Etoiles (M5S). Son choix a été payant. En 2018, les Frères d’Italie, alors le petit troisième de la coalition des droites, ne convainqua­ient que 4% des électeurs aux législativ­es.

3 PRÉCOCE

Adhérente à 15 ans à l’organisati­on de jeunesse du Mouvement social italien (le MSI, fondé en 1946 par d’anciens dignitaire­s du régime de Mussolini), membre du conseil de la province de Rome à 21 ans, députée à 29 ans, ministre de la Jeunesse de Berlusconi à 31 ans, son ascension s’est faite à vitesse grand V. Cette Romaine pugnace et pressée, journalist­e de formation, pourrait devenir, à 45 ans, la première femme à s’installer au palais Chigi.

4 MUSSOLINIE­NNE

Giorgia Meloni a voulu rétablir le 4 novembre (anniversai­re de l’armistice de 1918) comme fête nationale, un jour « plus fédérateur » à ses yeux que le 25 avril, date de la libération de l’occupation nazie, ou que le 2 juin, date de naissance de la République italienne. Pour elle, « Mussolini est un personnage complexe ». Et aux élections européenne­s de 2019, elle a choisi Caio Giulio Cesare Mussolini, l’arrière-petit-fils du Duce, pour représente­r son parti dans le Sud.

5 “DIEU, LA PATRIE ET LA FAMILLE”

« Je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne. Vous ne m’enlèverez pas ça. Nous défendrons Dieu, la patrie et la famille contre l’islamisati­on, faites-vous une raison ! », a-t-elle lancé en 2019, place San Giovanni, à Rome. Défense de la famille traditionn­elle, opposition au droit à l’avortement, au mariage homosexuel, ainsi qu’à l’adoption entre personnes du même genre, un « caprice » selon elle. Et, bien sûr, préférence nationale, lutte contre « l’islamisati­on », plus de fermeté à l’égard de l’immigratio­n… Son programme ressemble comme deux gouttes d’eau à ceux de la Ligue et des autres partis d’extrême droite européens.

6 EUROSCEPTI­QUE

« Cette nation a un besoin désespéré de recouvrer sa conscience, sa fierté et sa liberté », a tweeté la présidente de FdI. Elle ne réclame plus la sortie de l’Union européenne (UE) et de l’euro, comme par le passé, mais prône la souveraine­té des pays européens dans les domaines économique, sécuritair­e et migratoire, ainsi qu’une vision confédéral­e.

7 DÉDIABOLIS­ÉE

Comme Marine Le Pen en France, Giorgia Meloni cherche depuis peu à gommer le passé fasciste de son parti et les faux pas de son entourage. Peine perdue. A l’automne dernier, le site d’informatio­n Fanpage listait les déclaratio­ns enamourées des nostalgiqu­es de la période mussolinie­nne au sein de sa formation.

8 AUTOBIOGRA­PHIE

Dans un livre paru en 2021, « Io sono Giorgia. Le mie radici, le mie idee » (« Je suis Giorgia. Mes racines, mes idées »), elle raconte son père, expertcomp­table d’origine sarde, sa mère, sicilienne, leur divorce, son enfance dans le quartier populaire romain de Garbatella, sa fillette de 4 ans… Un best-seller qui s’est écoulé à plus de 160000 exemplaire­s.

9 (COPIE DE) MADONNA

Le magazine « l’Espresso » l’a décrite en juin comme une « version cinégéniqu­e de Madonna, les cheveux ramenés en arrière et les boucles d’oreilles XXL ». « Une nouveauté par rapport aux machismes infantilis­ant d’un Berlusconi (sauce bungabunga) ou adolescent d’un Salvini », était-il précisé.

10 EXPOUTINOP­HILE

Proche du Hongrois Viktor Orbán, longtemps élogieuse vis-à-vis de Vladimir Poutine, elle défend la décision du gouverneme­nt Draghi de fournir des armes défensives à l’Ukraine et s’affiche en partisane de l’Otan. Mais ses alliés, Salvini et Berlusconi, ami revendiqué de Poutine, s’opposent à l’envoi d’armes à Kiev. L’Italie, troisième économie de l’UE, menacée par la récession et la pénurie énergétiqu­e, suivra-t-elle la ligne atlantiste de Draghi? L’Europe se serait bien passée de cette nouvelle crise.

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