L'Obs

Avanie et framboise…

BOBY LAPOINTE A 100 ANS, PAR BOBY LAPOINTE (PANTHÉON).

- SOPHIE DELASSEIN

Il aurait été centenaire cet été, mais il n’a pas dépassé 50 ans. Boby Lapointe (1922-1972), né à Pézenas, mort à Pézenas (photo, en 1962). Cet homme si attachant avait à coeur de percer dans la chanson sans sacrifier sa vie de famille, d’où cette carrière à demi accomplie. Qui se souvient de ce drôle de personnage, un farceur comme on n’en fait (presque) plus, acteur à ses heures, inventeur amateur, féru de mathématiq­ues ? Il se sera évadé du STO pendant la guerre, aura été scaphandri­er à La Ciotat, gérant d’une boutique de layette en faillite et d’un caféconcer­t au bilan comptable agonisant. Il faut se souvenir de Boby Lapointe, auteur-compositeu­r-interprète d’une cinquantai­ne de chansons, pas davantage, bourrées de trouvaille­s, de jeux de mots et d’allitérati­ons.

Le label Panthéon offre à la mémoire du défunt centenaire un coffret d’une cinquantai­ne de chansons, toute une époque. Celle où Brassens le soutenait, où Bourvil interpréta­it « Aragon et Castille » au cinéma dans « Poisson d’avril », où on découvrait « Marcelle » et « Framboise » dans le film de Truffaut « Tirez sur le pianiste », avec Charles Aznavour en tête d’affiche. Lui, Boby Lapointe y est peu resté, et pourtant. Par leur singularit­é qui fait toute leur originalit­é, ces chansons-là portent en elles l’éternité. A commencer par son duo avec Anne Sylvestre, « Depuis l’temps que j’l’attends mon prince charmant », moquerie légère et ultra-féministe des contes de fées qui fait sourire aujourd’hui. Boby Lapointe avait le talent fou de faire sonner la langue française, dans des jongleries jubilatoir­es de mots. Ça ressemble à une farce, mais c’est assez complexe, en fait.

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