Tous à Nantes !
LE VOYAGE À NANTES. JUSQU’AU 11 SEPTEMBRE. RENS. : WWW.LEVOYAGEANANTES.FR ET 08-92-46-40-44.
Dans le cimetière Miséricorde, à Nantes, au milieu des tombes anciennes en partie recouvertes par la végétation, un cervidé nous suit du regard. Un peu plus loin, deux faons sculptés de la même façon s’animent au passage des visiteurs. Comme emprisonnée dans une dalle de verre, leur présence fragile est aussi fantomatique que poétique. Ce bestiaire spectral, baptisé « Miroirs des temps », est l’oeuvre de Pascal Convert, avec le savoir-faire minutieux du maître verrier Olivier Juteau. En écho à cette installation qui interroge la mémoire, la temporalité et le sacré, l’artiste présente au Passage Sainte-Croix « le Temps du sacré », une série réalisée en Arménie autour de la disparition des khatchkars, pierres monumentales dressées couvertes de croix gravées et détruites par les autorités azerbaïdjanaises.
Le Voyage à Nantes, ce parcours artistique, qui chaque année depuis dix ans réinterprète la ville pour en promouvoir la destination à partir d’oeuvres permanentes ou éphémères, n’a jamais peur de s’aventurer sur de nouveaux territoires. Le but n’est pas de caresser le touriste dans le sens du poil. En témoigne ce « Théâtre des opérations », mis en scène par Hélène Delprat sur plusieurs places publiques. Ses silhouettes sombres à tête d’animaux semblent sortir d’un cauchemar. Est-ce un défilé festif ou une danse macabre ? A l’opposé de ces figures inquiétantes, une autre forme de mascarade se déploie sur les cimaises du château des ducs de Bretagne avec l’exposition photographique « Aam Aastha », de Charles Fréger. Dans cette série réalisée en Inde, le photographe tire le portrait de personnes qui endossent des costumes aux formes et aux couleurs stupéfiantes pour incarner les divinités hindoues et les personnages du « Ramayana », l’épopée fondatrice de l’hindouisme. Une profusion de représentations différentes existe dans tout le pays en fonction des régions, donnant lieu à un éventail de poses spectaculaires.
Cette invitation aux voyages imaginaires se prolonge place du Commerce avec l’intervention d’Alexandre Benjamin Navet. L’artiste agence un gigantesque décor chromatique sur les façades, insufflant une nouvelle vitalité à ce carrefour piéton. Autre transformation d’envergure, sur les bords de l’estuaire, l’Allemand Michael Beutler convertit la HAB Galerie en fabrique à papier adaptée à l’échelle du lieu. Des feuilles de 6 mètres sur 2, réalisées par une ligne de production sculpturale totalement manuelle, s’élèvent à la verticale et restructurent l’immense plateau dénudé. Le décor est planté. Aux visiteurs d’entrer en scène.