L'Obs

DANGER DANS LE CIEL

ALERTE AUX ASTÉROÏDES

- Documentai­re de Jacques Bedel et Bertrand Loyer (2022). 52 min. THIERRY NOISETTE

A l’instar du spécimen de 50 kilomètres de diamètre qui détruisit 80 % des espèces (dont les dinosaures) sur notre planète il y a 65 millions d’années, les millions d’astéroïdes qui peuplent le système solaire sont susceptibl­es de nous anéantir. Si le risque est évidemment conditionn­é au volume de ces masses de roche ou de métal (on en recense mesurant jusqu’à près de 1 000 kilomètres), les gabarits plus modestes restent néanmoins dangereux. Témoin, celui d’environ 50 mètres qui percuta la Sibérie en 1908 (photo, reconstitu­tion de l’explosion), détruisant 60 millions d’arbres sur 200 000 hectares. Parmi le million d’astéroïdes situés entre les orbites de Mars et Jupiter, 20 000 d’entre eux dits « géocroiseu­rs » passent près de la Terre. Notre atmosphère brûle les plus petits : la surface lunaire, constellée de cratères, montre ce que donne l’absence de ce bouclier. Mais, tôt ou tard, nous serons à nouveau touchés. En moyenne, un astéroïde de 100 mètres percute la Terre une fois tous les quelques millénaire­s, indique la planétolog­ue Naomi Murdoch, et un objet d’un kilomètre, tous les 500 000 ans. En 2013, à Tcheliabin­sk, dans l’Oural, un astéroïde de 16 mètres de diamètre s’est désintégré à 30 kilomètres d’altitude ; son onde de choc – trente fois Hiroshima – a blessé un millier de personnes. Cette alerte a poussé l’Agence spatiale européenne à concevoir le télescope FlyEye (« oeil de mouche ») chargé de relever les objets géocroiseu­rs approchant l’orbite terrestre. Par ailleurs, en 2021, le satellite Neowise a découvert plus de 40 000 astéroïdes, un record. Mais comment éviter un impact ? Un projet de l’université JohnsHopki­ns de Baltimore a été adopté par les Etats-Unis et l’Europe : il consiste à dévier la trajectoir­e d’un astéroïde en le faisant entrer en collision avec une sonde kamikaze. En novembre 2021, Dart a ainsi été lancée vers un géocroiseu­r qu’elle devrait frapper cet automne. On pourra établir l’efficacité de l’expérience dans trois ans. Le Bureau des Affaires spatiales, créé par l’ONU, travaille aux règles à adopter en cas de future collision. Mais comme le relève le documentai­re, pour l’heure, les rivalités politiques persistent : la Chine mène ainsi son propre projet. Espérons que « Don’t Look up » reste une fiction…

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