L'Obs

LOIN DE L’IMAGE D’ÉPINAL

VOSGES, COUP DE CHAUD SUR LE MASSIF

- MARIE LAURE MICHELON

Sale temps pour la planète ! Documentai­re de Morad Aït-Habbouche (2022). 52 min.

L’épicéa, c’est terminé : fragilisé par la sécheresse et les tempêtes à répétition, ce roi des forêts vosgiennes est désormais attaqué par les scolytes, petits insectes xylophages. En temps normal, l’arbre produit une résine qui englue le coléoptère et l’étouffe. Mais aujourd’hui, il ne parvient plus à se défendre naturellem­ent. Seule solution, abattre les résineux malades. Près de 40 % de la forêt vosgienne a ainsi été décimée en 2021. Un lourd tribut pour l’économie locale dont la première industrie est celle du bois. C’est l’un des nombreux sujets de préoccupat­ion abordés par la série documentai­re « Sale temps pour la planète ! », qui décortique ce soir l’impact du réchauffem­ent climatique sur le paysage du massif des Vosges et le modèle économique du territoire. En montagne, la neige tombe de manière de plus en plus aléatoire. Dans ces domaines skiables de moyenne altitude, les conséquenc­es sont parfois sans appel : une quinzaine de stations ont définitive­ment fermé. Certaines remontées mécaniques sont encore visibles, inexploité­es et envahies par la végétation. C’est ce que cherche à éviter à tout prix Stessy Speissmann, le maire de Gérardmer. Il a injecté près 10 millions d’euros pour adapter les infrastruc­tures de la station de La Mauselaine, culminant à une altitude de 1 140 mètres : retenues collinaire­s et canons à neige sont les seuls moyens d’éviter la faillite. Mais combien de temps cette stratégie économique pourra-t-elle tenir ? D’autant que la fonte des neiges plus précoce provoque parfois des crues torrentiel­les. Toutes les casernes des Vosges ont désormais une équipe dédiée aux inondation­s, formée sur une plateforme unique en France : un bassin d’eau vive, situé à Epinal, permettant de s’entraîner pour faire face à des opérations de sauvetage en milieu immergé. Côté innovation, les gardes forestiers ne sont pas en reste. L’Office national des Forêts les a équipés de drones à caméra thermique, qui leur permettent de détecter les arbres dépérissan­t et de recenser les animaux peuplant la forêt. A défaut de solutions pérennes pour minimiser les effets du réchauffem­ent planétaire, le départemen­t des Vosges a choisi d’investir des moyens considérab­les pour tenter d’en contrôler l’impact.

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